Une fois de plus, l’Olympique Lyonnais est mis KO par la DNCG. Pour éviter une relégation du club en Ligue 2 et lever l’interdiction de recruter et l’encadrement de la masse salariale, John Textor doit présenter des garanties financières plus solides en appel au lieu de miser sur la compréhension de son modèle économique par le gendarme financier du football français.
Multipropriété, barrière de la langue, déficits structurels… Tout ce qui peut expliquer pourquoi l’Olympique Lyonnais trébuche à chaque passage devant la DNCG depuis 2023 ne tient plus la route en comparaison des situations du RC Strasbourg ou du Toulouse FC. Eux aussi ont un propriétaire américain, eux aussi sont intégrés à une galaxie d’autres formations et comme l’ensemble du football français, leur équilibre économique passe par la vente de leurs meilleurs éléments à chaque intersaison. Mais eux n’ont pas de problème avec la DNCG… L’optimisme de John Textor est à chaque fois remis en cause par la DNCG alors que l’Olympique lyonnais a eu des rappels à l’ordre de l’Urssaf, mais aussi de la FFF, l’UEFA ou la FIFA pour des impayés plus ou moins importants. Des créanciers frappent aussi à la porte.
Jugeant « incompréhensible » la relégation, prononcée par la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG), le club rhodanien affirme avoir satisfait « toutes (les) demandes », « avec des investissements en fonds propres supérieurs aux montants demandés ». Il rappelle que la maison-mère Eagle Football Holding (EFH) et ses actionnaires ont apporté 83 M€ en trésorerie et qu’un accord a été conclu fin janvier avec les prêteurs d’Eagle, en premier lieu le fonds Ares, permettant un report de créances. Pour réduire les charges, une centaine de salariés du club sont aussi partis dans le cadre d’un plan de départs volontaires. Les fins des contrats ou transferts de joueurs – Maxence Caqueret et Rayan Cherki ont été cédés respectivement pour 15 M€ à Côme et 42,5 M€ à Manchester City -, ont allégé la masse salariale d’une trentaine de millions d’euros. Sont également tombés 19,5 M€ d’options d’achat obligatoires pour trois joueurs prêtés.
Des opérations difficiles à lire entre les clubs du groupe Eagle
Pourquoi dans ces conditions, la DNCG continue-t-elle de juger les efforts de l’OL insuffisants ? Le noeud du problème, et qui existe depuis la prise de pouvoir de John Textor, se situerait dans la répartition des sommes dans les comptes, notamment celles provenant de la multipropriété Eagle. L’Américain joue à un drôle de jeu. L’OL est aujourd’hui une partie du groupe EFH, détenu majoritairement par John Textor, dans le cadre d’une multipropriété notamment avec les clubs de Molenbeek (Belgique), Botafogo (Brésil) et Crytal Palace (Angleterre) jusqu’à il y a peu. Le prêt gratuit consenti par Botafogo de l’Argentin Thiago Almada alors que la DNCG avait infligé à l’OL une interdiction de recrutement et un encadrement de sa masse salariale, est mal passé. Pas seulement auprès des clubs adverses de l’OL qui avaient formulé des recours. Par ailleurs, la vente des parts d’Eagle de Crystal Palace (pour 222 M€ selon la BBC, ndlr) est aussi dans le viseur. Textor, qui souhaiterait désormais, grâce à une partie du produit de cette cession, acquérir le club de Sheffield Wednesday (2e division anglaise), n’aurait fléché que 40 M€ au profit de l’OL alors que la DNCG en attendait le double. Enfin, l’instance s’interroge sur les recettes dont l’OL pourrait tirer profit pour trois joueurs de Botafogo, Igor Jesus, Thiago Almada et Luiz Henrique dont les droits économiques ont été transférés cet hiver à Lyon, qui a déjà cédé le dernier d’entre eux en janvier au Zenit Saint-Pétersbourg pour 33 M€.
Confiance ébranlée, position fragilisée, John Textor se voit aussi contesté par les supporters de l’OL. Des banderoles hostiles ont fleuri à travers Lyon du style « Textor dehors ». D’ici l’audience en appel, l’enjeu sera de réunir l’argent manquant, de le mettre au bon endroit et de montrer patte blanche. Cependant, la sanction et le recours vont avoir des répercussions sur la préparation de la saison.
La DNCG pourrait en cas de maintien en L1 imposer un encadrement des salaires. L’OL doit reprendre l’entraînement le 7 juillet mais avec quel effectif et pour quel objectif ?
Michele Kang devient présidente
Pour la première fois, une femme va diriger un club de l’élite : Michele Kang succède à John Textor à la tête de l’OL, relégué en Ligue 2. Déjà à la tête de l’équipe féminine et membre du Conseil d’administration depuis 2023, l’Américaine s’appuiera sur Michael Gerlinger, nouveau Directeur général. « Nous entrons dans une période critique pour l’OL. Je remercie John pour son engagement et me réjouis de collaborer avec Michael et l’équipe dirigeante », a déclaré Kang.
John Textor a salué la transition : « Je suis fier des progrès de l’OL, revenu en compétitions européennes. Michele est le bon choix pour diriger le club. »
Kang devra maintenant convaincre la DNCG d’éviter une relégation administrative.
D’autres femmes ont déjà occupé des postes clés dans le football professionnel. Si Kang est la première présidente d’un club de Ligue 1, Nathalie Boy de la Tour a dirigé la LFP (2016-2020), tandis qu’Hélène Schrub (Metz) et Pauline Gamerre (Red Star) sont directrices générales. Enfin, Margarita Louis-Dreyfus avait endossé le rôle de propriétaire de l’Olympique de Marseille à la mort de Robert Louis-Dreyfus, mais sans occuper la présidence.


