L’échéance approche. Le contrat de naming du stade de l’Olympique lyonnais arrive à son terme cet été. Les négociations à venir avec Groupama s’annoncent rudes.
C’est de bonne guerre. Avant chaque négociation, les parties avancent leurs pions. Le contrat de naming du stade de l’Olympique Lyonnais arrivant à son terme, les deux parties vont entamer de nouvelles négociations. Mais les discussions s’annoncent âpres. Groupama ne souhaite pas « mettre un euro de plus ». Dans un entretien accordée à La Tribune, Francis Thomine, directeur général de Groupama Rhône-Alpes Auvergne, prévient Jean-Michel Aulas. S’il ne souhaite pas renoncer à ce partenariat, il précise : « nous ne serons pas prêts à tout et n’importe quoi pour y parvenir ». « Je ne dépenserai pas un euro de plus. Jean-Michel Aulas, son directeur général et son conseil d’administration seront libres de mettre fin à notre partenariat s’ils lui préfèrent une offre censée être bien plus performante financièrement », affirme-t-il. Le contrat se situerait entre 4 et 7 M€ par an. Mais Groupama est impliqué au-delà du naming du stade de l’OL.
« Clause d’image »
Si ce cas se présente, Francis Thomine n’hésitera pas à rappeler à l’OL que certains engagements n’ont pas été tenus par le club rhodanien. « Je leur rappellerai alors qu’au nom de la confiance et du long terme dans lequel nous nous sommes engagés, jamais je n’ai exigé de leur part des mesures ou des compensations d’image auxquelles certaines situations bien regrettables nous donnaient droit », assure-t-il dans La Tribune. Parmi les « situations regrettables » : les dérapages racistes, homophobes, violents ou encore les tensions entre supporters et joueurs. Dans le contrat liant l’OL à Groupama figure une clause d’image. En cas de violation, Groupama peut l’actionner et demander des compensations au club, ce qu’il n’a jamais fait. « Nous aurions eu l’occasion d’actionner la clause d’image. Je n’ai pas souhaité le faire. La raison est que les répercussions sur notre image étudiée par des organismes indépendants via notamment les réseaux sociaux, ont révélé un impact extrêmement faible », confie le directeur général de Groupama Rhône-Alpes Auvergne.
Un entretien sans tabous
L’entretien accordé par Francis Thomine au site de La Tribune mérite de passer à la postérité. Rarement, un dirigeant s’exprime aussi franchement, sans se soustraire à sa propre responsabilité. « Le football professionnel international charrie un tel business, qu’inévitablement d’indécents excès surviennent, convient le responsable de Groupama Rhône-Alpes Auvergne. D’ailleurs, je m’étonne toujours que ce public de supporters souvent très modestes se taisent devant l’incroyable inflation des salaires des joueurs. » Francis Thomine n’est pas dupe. « En étant membre du comité de gestion de l’Olympique Lyonnais, j’assiste à certaines situations. Et effectivement, en ligne de mire, des comportements déroutants voire honteux chez certains joueurs. Beaucoup ne sont plus que des mercenaires sous la coupe d’agents cupides avec lesquels même les entraîneurs sont sommés de composer. Mais sont-ils seuls responsables ? Je ne crois pas. »
On pourrait croire le dirigeant désorienté par le football business, mais il tient à faire la part des choses. « Je reste convaincu que le football constitue un facteur déterminant d’inclusion et de lien sociaux au sein de la jeunesse, notamment des quartiers en difficulté », indique-t-il en préambule. « Le football de l’OL démarre à la Duchère comme dans les autres banlieues, poursuit-il. A Bron, Vénissieux ou Vaulx-en-Velin, le football de l’OL fait rêver les jeunes, que je préfère voir chaussés de crampons que se morfondre dans une cage d’escalier ou devenir délinquants. » Et de rappeler que l’action de Groupama ne s’arrête pas au secteur professionnel : « nous soutenons « aussi » ces clubs et associations qui font du football un moyen de s’orienter, de se former, d’intégrer le monde du travail et des entreprises. » Car,« au final, nous devons faire le solde entre les éléments positifs et négatifs. Et à mes yeux, au nom des arguments que j’ai égrenés en préambule, les premiers dominent les seconds. »