François Gabart, détenteur du record du tour du monde en solitaire, a mis à l’eau jeudi son nouveau trimaran géant baptisé « SVR-Lazartigue », avec lequel il entend battre de nouveaux records.
La construction de ce maxi-multicoque de la classe Ultim, soit 32 mètres de long pour 23 m de large avec un mât culminant à 35 mètres et équipés de foils (appendices latéraux permettant au voilier de s’élever au-dessus de la surface de l’eau), a été initiée en mars 2018 avec la Macif, alors partenaire du skippeur. Le groupe de cosmétiques français Kresk, présidé par Didier Tabary, qui détient notamment les marques de cosmétiques SVR et des produits capillaires Lazartigue, a racheté le bateau, dans le cadre d’un partenariat de 4 ans. En juin 2020, la Macif avait décidé de mettre un terme à sa collaboration de longue date avec François Gabart, maître d’oeuvre du nouvel Ultim via sa société Mer Concept. Le futur bateau était donc à vendre (entre 10 à 12 M€ selon les estimations). Le skipper s’est employé à trouver un repreneur pendant un an. Il s’agit d’une première pour Kresk qui ne s’était encore jamais lancée ni dans le sponsoring ni dans le mécénat.
Cette mise à l’eau « est quelque chose de très symbolique, de fort en émotion. On est très fier de montrer ce nouveau bateau qu’on trouve très beau », a déclaré François Gabart, quelques minutes après la mise à l’eau du trimaran dans le port de Concarneau (Finistère). Pour ce nouveau bateau couleur bleu capri, les efforts ont porté sur l’amélioration de l’aérodynamisme, la forme des appendices, et aussi « des choix différents en termes d’ergonomie ». Le cockpit est ainsi intégré à la coque centrale.

Pesant 15 tonnes, le trimaran a nécessité 2 ans et demi de conception et de construction, 150.000 heures de travail, et doit être baptisé le 20 septembre à Concarneau. CDK Technologies a réalisé les pièces maîtresses telles que les flotteurs, les bras avant et arrière, puis les foils. « Ce bateau est assez révolutionnaire. C’est un Ultim très typé et il a fallu s’adapter, proposer des solutions en face de ce design très agressif et très novateur », explique Yann Dollo, Directeur général adjoint de CDK Technologies, structure qui a investi plus de trois millions d’euros ces trois dernières années pour développer ses outils, faisant notamment l’acquisition de nouveaux moyens de production tels qu’une machine de découpe pour les tissus préimprégnés, d’une machine d’usinage, mais aussi et surtout d’un autoclave unique en Bretagne (25x4m) en complément de ses trois étuves de grande taille. Cet outil de cuisson hors normes constitue un élément majeur de différenciation.
« Nous disposons aujourd’hui d’un panel d’outils complet et assez unique parmi les chantiers existants en Europe », souligne Yann Dollo. « Avec l’arrivée des foils et des plans porteurs sur les safrans, qui sont des systèmes très complexes, les charges énormes qui sont transmises aux structures des bateaux imposent de s’adapter. Elles induisent une manière complètement nouvelle de dimensionner les flotteurs d’une part, puis des bras, d’autre part. Le fait de bénéficier de la qualité de cuisson autoclave pour réaliser ces grandes pièces constitue incontestablement un « plus ». Cela participe pleinement à la particularité de ce bateau », ajoute le Directeur adjoint du chantier, convaincu que ce type de conception va se généraliser progressivement.
Après des tests statiques, François Gabart espère pouvoir naviguer à bord de ce nouveau trimaran dès la semaine prochaine, afin de se préparer avec Tom Laperche à la prochaine Transat Jacques Vabre, dont le départ est prévu le 7 novembre au Havre. « On est là pour essayer de gagner des courses, de battre des records. L’objectif, c’est de repousser les limites de ce qu’on pense être possible. On est persuadé que le bateau sera à la hauteur de cette ambition », a déclaré François Gabart.
Retrouvez ICI dans Sponsoring.fr Magazine Hors-Série N.21 l’écosystème de la Sailing Valley autour de la construction des bateaux de course avec le cas de Banque Populaire.