L’Ofcom, le régulateur britannique des télécoms, vient de prendre une décision qui menace les finances du sport professionnel outre-manche. L’Ofcom veut obliger le bouquet satellitaire BSkyB à baisser les tarifs de vente en gros appliqués à ses concurrents pour diffuser ses chaînes sportives.
Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une longue enquête de l’Ofcom sur le marché de la télévision payante au Royaume-Uni, lancée il y a trois ans. En juin 2009, l’autorité de régulation avait annoncé dans un rapport d’étape, qu’elle envisageait d’obliger BSkyB à mettre à la disposition de ses concurrents une partie de ses contenus en matière de sport et de cinéma.
Le régulateur estime que le bouquet satellite BSkyB, détenu par l’empire de Rupert Murdoch, a acquis une position dominante telle qu’elle est un obstacle à la libre concurrence et à l’innovation du marché. D’après l’Ofcom, il s’agît de donner à un plus grand nombre de téléspectateurs la possibilité d’accéder aux chaînes sportives premium de Sky, notamment Sky Sports 1 et Sky Sports 2. Celles-ci disposent de l’exclusivité des droits de nombreuses manifestations, dont les matches de football de la Premier league. Elle les diffuse directement sur ses chaînes sportives, également disponibles sur d’autres bouquets mais à un prix que l’Ofcom a jugé excessif.
Concrètement, BSkyB devra vendre aux plateformes concurrentes ces deux chaînes en version standard, pour un tarif qui baissera de 23%. Ce prix a été fixé à 10,63 livres par mois (environ 12 euros) pour l’une ou l’autre des chaînes, et à 17,14 livres en cas d’abonnement groupé aux deux.
Cette décision pourrait faire exploser le marché de la télévision payante au Royaume-Uni. Elle pourrait entraîner une guerre des prix des bouquets satellites. Certains concurrents de BSkyB ont même annoncé qu’ils pourraient proposer gratuitement Sky Sports 1 dans le cadre d’une offre groupée. Le directeur général de Virgin Media, Neil Berkett, a tout de suite salué un pas dans la bonne direction.
Les détenteurs de droit ne voient pas la chose de la même manière. La Premier League, l’organisateur du Championnat d’Angleterre de football, craint une baisse de ses recettes lors du prochain appel d’offres. Elle estime cette décision mal conçue et injustifiée car elle risque de décourager des diffuseurs concurrents de se porter candidats à l’acquisition de droits pour la retransmission d’événements sportifs. La première division anglaise souligne qu’elle rendra plus difficile le recrutement et la conservation des meilleurs talents et réduira les flux d’argent vers les clubs.
Leur proposition va appauvrir la concurrence pour les droits sportifs et fortement réduire les incitations pour l’ensemble des candidats, fait valoir Richard Scudamore, directeur général de la Premier League.
Redoutant également une baisse des sommes qui lui sont versées, la fédération anglaise de rugby (RFU) s’est dite extrêmement déçue que (ses) inquiétudes n’aient pas été prises en compte par l’Ofcom dont le processus de consultation a été inadéquat et défectueux. Il est inconcevable qu’ils aient pu estimer qu’il y avait une distorsion de la concurrence alors que chaque chaîne a eu l’opportunité de faire une offre pour nos droits au départ, a déclaré le directeur des activités financières de la RFU, Paul Vaughan.
BSkyB a aussitôt contesté l’annonce. Il ne devrait faire aucun doute que cette décision de l’Ofcom est sans précédent et injustifiée, a fait savoir BSkyB qui estime que cette décision ne profitera pas au consommateur. Mais à qui alors ?