Google, le moteur de recherche sur Internet, ne reçoit pas que des éloges pour sa formidable réussite. En rachetant YouTube, site d’échange de vidéos, pour la somme faramineuse de 1,65 milliard de dollars (1,29 milliard d’euros), Google s’est fait remarquer par l’ensemble de l’industrie des médias qui pourrait mettre à mal sa stratégie. Déjà plusieurs institutions sportives se sont signalées auprès du moteur de recherche pour lui demander de respecter leurs droits.
Google a-t-il acheté une coquille vide ? Avec 1,65 milliard de dollars dépensés pour la réalisation de l’opération, l’achat serait plus que dispendieux. Pour Google, une course contre la montre a débuté. Car qu’est-ce que YouTube ? Fondée en février 2005, la société n’est opérationnelle que depuis décembre de la même année. YouTube ne dégage aucun bénéfice mais a réussi en quelques mois à fédérer 100 millions d’internautes. Les usagers de cette communauté partagent leurs propres images ou vidéos. Mais ils mettent également en ligne des clips, des extraits d’émissions de télévision sans le consentement des détenteurs de droits. Le sport n’est pas oublié. Les buts de la Premier League tiennent une bonne place sur YouTube, comme des extraits d’actions en NBA ou en NFL.
Pour veiller sur leur droit, plusieurs entités ont demandé à Google de retirer les vidéos illicites. La NBA a annoncé qu’un accord était intervenu sur le sujet. Le site d’échange de vidéos sur internet a retiré de sa base de données des images de basket-ball. La NBA a évoqué son inquiétude vis-à-vis de la loi sur le copyright lors de l’utilisation des images sur le site. La NBA possède son propre site qui reprend 150 millions de vidéos et offre 3,1 millions d’heures de visionnage. Plus de la moitié des internautes qui vont sur le site viennent d’ailleurs des Etats-Unis.
Menaces de procès
Le Bayern Munich et la Ligue allemande de football (DFL) ont annoncé qu’ils allaient étudier les possibilités d’attaquer Google et YouTube pour infraction aux droits exclusifs de diffusion d’images du Championnat d’Allemagne de football. Ces droits exclusifs sont massivement contournés à travers ces plate-formes internet, nous ne laisserons pas faire, a déclaré le président du Conseil de surveillance du Bayern, Karl-Heinz Rummenigge. En outre, le Bayern compte Deutsche Telekom comme partenaire. Et le site internet du club diffuse ses rencontres sur le web. Nous vendons très cher les droits à nos partenaires (*), y compris les droits internet. Ces droits sont bafoués par l’offre de YouTube, a expliqué dans le quotidien Financial Times Deutschland un porte-parole de la DFL.
En Angleterre, un porte-parole de la Premier League a indiqué que son organisme avait demandé à Google de faire en sorte que sa filiale ne mette plus en ligne de vidéos lui appartenant. Nous leur avons écrit pour leur demander d’enlever tout document mis en ligne en violation de nos droits de propriété et de ceux de nos partenaires, clubs ou chaînes ayant acquis les droits à l’image exclusifs, a indiqué Dan Johnson, porte-parole de la Premier League. L’impact (de la mise en ligne d’image par YouTube) n’est pas si significatif que cela. Cela n’affecte pas notre capacité à vendre nos droits mais nous devons les défendre, sinon d’autres vont venir et dire: Pourquoi ne pouvons nous pas utiliser aussi les images, a expliqué le porte-parole.
De grandes entreprises de médias comme Disney et News Corp, le groupe du magnat de la presse Rupert Murdoch, devraient faire de même pour protéger leurs droits.
Pour Google, il s’agit de convaincre tous les détenteurs de droits de s’entendre en signant des partenariats de partage des revenus publicitaires générés par les contenus mis en ligne. Sinon, la firme américaine ira de procès en procès.
* Les droits exclusifs de retransmission des matches de la 1re et 2e division de Bundesliga ont été achetés 420 millions d’euros par saison pour la période 2006-2009 par la chaîne câblée Arena, alors que les chaînes hertziennes ARD, ZDF et DSF ont obtenu les droits de diffusion différés. Les droits internet ont été empochés par la chaîne à péage Premiere.