Diffuseurs actuels du Championnat anglais, les deux chaînes payantes viennent de signer un accord permettant à l’opérateur de télécoms BT de distribuer l’offre sportive de la télé payante Sky et réciproquement. Théoriquement, cet accord doit éviter aux deux opérateurs de s’entretuer en surenchérissant de manière inconsidérée dans l’achat de droits. Une mauvaise nouvelle pour les détenteurs de droits dont la Premier League ?
Les deux principaux diffuseurs du football anglais vont distribuer chacun les chaînes de l’autre. Ce qui devrait limiter les risques de voir les prix s’envoler, ou un lot leur échapper, alors que la Premier League vient de lancer un nouvel appel d’offres de ses droits domestiques pour la période 2019-2021. Dans le détail, BT pourra vendre à ses abonnés Sky Now, le service de streaming en ligne de Sky qui inclut ses contenus les plus populaires, notamment les onze chaînes de Sky Sports (avec des matches de la Premier League de foot anglaise, les grands prix de Formule 1 et les rencontres de cricket). De son côté, Sky pourra commercialiser auprès des siens les chaînes de BT Sport. Sky permettra ainsi « à ses abonnés de pouvoir visionner tous les matches de Premier League, de Ligue des Champions et de Ligue Europa montrés sur les chaînes de Sky et BT via un seul contrat Sky ». Idem pour BT. Pour les téléspectateurs britanniques, c’est donc une bonne nouvelle : ils pourront accéder à une offre plus complète sans que la concurrence ne cesse de jouer pour autant : chacun des deux groupes continuera de se différencier dans la présentation de ses contenus, en essayant de proposer le meilleur prix.
Pour les vendeurs de droits sportifs, en revanche, la pilule est amère. A commencer par la Premier League. Car un tel accord de coopération entre les deux diffuseurs actuels de la compétition n’augure rien de bon. Mais en football, on ne sait jamais… Lors de la dernière procédure d’enchères en 2015, les deux groupes avaient accepté de débourser 5,1 milliards de livres à eux deux sur trois ans (5,8 milliards d’euros), soit une inflation de 70 %. Mais officiellement, cet accord commercial n’est pas dirigé contre le football anglais. Sky et BT veulent éviter de s’entre-tuer face aux géants du Net qui menacent de venir marcher sur leurs plates-bandes. Amazon et Facebook sont les deux noms qui reviennent régulièrement avec plus ou moins de crédibilité. En concluant un tel accord, Sky et BT limitent les risques. S’ils laissent échapper un lot au profit de l’autre, ils pourront quand même en proposer les contenus à leurs abonnés. C’est ce que voulaient faire en France Canal+ et beIN Sports, mais l’Autorité de la concurrence a mis le holà à leur projet en 2016. L’association aurait été trop dominante sur le marché français. Depuis, Canal+ a obtenu la distribution des chaînes de beIN Sports, mais sans exclusivité.
Disney rachète la 21st Century Fox
L’heure est aux grandes manœuvres dans l’univers des médias. Pendant que Sky et BT en Angleterre signent une paix des braves, une autre opération d’envergure est intervenue aux Etats-Unis. Disney, et donc ESPN, rachète la plupart des actifs du groupe américain 21st Century Fox pour 52,4 milliards de dollars (66,1 milliards de dollars, en incluant la dette d’environ 13,7 milliards de dollars de 21st Century Fox). La 21st Century Fox ne conservera plus que la chaîne Fox, les stations locales, celles d’informations et des sportives comme Fox Sports. Le groupe de médias et de divertissement était jusqu’ici contrôlé par la famille Murdoch. Disney achète les studios télé et cinéma de la Fox, les chaînes FX et National Geographic, ainsi que ses actifs internationaux, notamment la chaîne indienne Star, les 39 % détenus par la Fox dans le groupe européen de télévision Sky, ainsi que sa part dans la plate-forme de streaming vidéo Hulu. Il reste cependant encore à obtenir le feu vert des autorités de la concurrence américaine pour valider la transaction.