Cristiano Ronaldo serait le plus puissant des relais grâce à ses millions de followers sur ses différents comptes sociaux (210 millions d’abonnés sur Instagram). Une récente étude faisait même de l’attaquant portugais le meilleur «passeur d’information» de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Marcus Rashford n’a ni le palmarès de Cristiano Ronaldo, ni sa puissance médiatique. Il vient pourtant de faire plier le gouvernement britannique en prenant fait et cause pour les enfants défavorisés.
Quand Cristiano Ronaldo relaie des contenus de l’OMS, il génère 40 fois plus d’engagement que le compte officiel de l’OMS selon l’agence conseil en communication, The Metrics Factory. L’agence estimant même la visibilité de deux posts de l’attaquant de la Juventus Turin à un équivalent publicitaire de 1,153M€ en faveur de l’OMS. Pas mal, mais Marcus Rashford vient d’établir un nouveau standard à 120 millions de livres (133 M€) !
Depuis la fermeture des écoles fin mars pour lutter contre la propagation du Covid-19, le gouvernement britannique a mis en place un système permettant aux enfants de milieux modestes de bénéficier de repas gratuits avec les «free school meals». Mais il a refusé, lundi 15 juin, de le poursuivre à l’issue de l’année scolaire. C’était avant la parution d’une tribune par Marcus Rashford dans le quotidien The Times. «Je sais ce que c’est que d’avoir faim», écrit le footballeur de 22 ans. Il souligne à quel point il sait l’effet qu’aurait un revirement du gouvernement pour les 1,3 million d’enfants éligibles à ce dispositif, et pour cause, il était l’un d’eux il y a 10 ans. Dans sa tribune, et au travers de l’interpellation de ministres sur Twitter Marcus Rashford appelle les députés de tous bords à «mettre leurs rivalités de côté» et faire preuve de «solidarité» sur un sujet qui peut porter atteinte à la «stabilité de familles à travers le pays pour les générations qui viennent». La campagne de l’attaquant anglais de Manchester United reçoit le soutien de députés conservateurs, dont le président de la commission sur l’éducation, Robert Halfon, qui salue le joueur comme «une inspiration et un héros de notre époque». Un revirement de situation à 180 degrés. Au tout début du confinement, le gouvernement critiquait les joueurs de football car ils refusaient de baisser leurs salaires. Chargée des questions d’éducation au sein du parti travailliste, la députée Rebecca Long-Bailey a estimé qu’il serait «insensible» de la part du gouvernement de ne pas faire ce «petit pas pour alléger la pression financière» qui pèse sur les ménages «et garantir que les enfants puissent manger pendant les vacances d’été».
Le gouvernement britannique débloque un fonds alimentaire
Face à une pression croissante, Boris Johnson a fini par accepter, moins de 24 heures après avoir décidé l’inverse. «J’ai parlé à Marcus Rashford aujourd’hui et je l’ai félicité pour sa campagne (…) Je le remercie pour ce qu’il a fait. Je pense qu’il a raison d’attirer l’attention sur ce problème», a même réagi le Premier ministre lors d’une conférence de presse. Selon le Times, la prolongation du dispositif coûterait 120 millions de livres (133 M€). Les bénéficiaires recevront un bon de 90 livres (100 €), pour couvrir, à raison de 15 livres (16 €) par semaine, les frais de repas pendant les six semaines de la coupure estivale.
Dans les premiers jours du confinement, Rashford avait lancé une levée de fonds. Une première vague de dons avait rassemblé 134.000 livres (149.000 €), qu’il avait abondé pour porter la somme à 400.000 livres (445.000 €). Il s’est ensuite engagé à rassembler 20 millions de livres (22,3 M€) en dons financiers et alimentaires pour permettre que 3 millions de repas soient servis à des personnes défavorisées, un objectif atteint en fin de semaine dernière.
Un engagement sur la durée
Marcus Rashford ne compte pas s’arrêter là et promet que son engagement va durer dans le temps. Rashford s’est dit «reconnaissant» pour le déblocage d’un fonds alimentaire. Mais «je ne veux pas que ce soit la fin (de mon engagement), parce que d’autres mesures doivent être prises», a-t-il expliqué à la BBC. «Des gens luttent toute l’année (pour se nourrir), donc nous devons mieux comprendre leur situation et comment les aider au mieux», a-t-il ajouté.