Lors d’une conférence de presse téléphonique, le syndicat des clubs de Ligue 1, Première Ligue, s’est interrogé à l’arrêt définitif de la saison de football. Un choix qu’il juge « assez brutal » en étant « mis devant le fait accompli ».
Le gouvernement dit qu’il n’a rien demandé, les clubs répondent avoir compris le contraire. La saison 2019-2020 restera comme inachevée et comme celle du grand gâchis. « Sur quelle base le gouvernement a-t-il pris cette décision ? », s’est demandé le président de Lille Gérard Lopez lors d’une conférence de presse téléphonique de Première Ligue, syndicat regroupant la majorité des présidents de Ligue 1. Lopez dénonce le manque de « concertation » ayant précédé l’annonce par le Premier ministre Édouard Philippe le 28 avril selon qui « la saison des sports professionnels, notamment de football, ne pourra pas reprendre ». Deux jours plus tard, la Ligue de football professionnel actait la fin de la saison 2019-2020, décision contestée depuis lors par Jean-Michel Aulas, président de Lyon.
« On n’a pas la responsabilité (de l’arrêt de la saison), celui qui l’a c’est le Premier ministre et le gouvernement. Il a des informations que nous n’avions pas », poursuit Bernard Caïazzo, le président du syndicat Première Ligue et co-président de Saint-Etienne. « On peut se demander si le gouvernement n’a pas décidé trop vite. Y a-t-il eu concertation avec les clubs ? Non. Y a-t-il eu concertation avec les autres pays ? »
« Début avril, on était les seuls sur les cinq grands championnats à faire la proposition de reprendre le championnat. On était en avance et on s’est foutu de (nous). On était la locomotive et les autres pays nous ont suivi plus tard… Mais malheureusement, nous, on est restés sur place », a regretté Waldemar Kita (Nantes) alors que les championnats allemand, italien, espagnol et anglais ont tous enclenché la reprise.
Gérard Lopez estime que le foot français a été « mis devant le fait accompli ». « On n’arrête pas de dire qu’on essaie de rattraper notre retard sur les quatre grands championnats et là on donne le bâton pour se faire taper à un moment stratégique », s’est encore indigné le dirigeant lillois. « On se retrouve tout seuls (…) Peut-être qu’en France, on ne met pas le foot au même niveau que dans d’autres pays… »
REPRISE IMPOSSIBLE
Est-il encore temps de faire machine arrière et de reprendre le cours de la saison 2019-2020 ? « Aujourd’hui, pour des questions organisationnelles, c’est trop dur (…) on sait que pour reprendre, les joueurs auraient besoin de deux mois de préparation », constate Kita, soulignant aussi que de nombreux joueurs sont à l’étranger. « Des diffuseurs, nous n’en avons plus », a également souligné Caïazzo, alors que Canal+ et beIN Sports ont rompu leur contrat de diffusion des championnats. « Cela nécessiterait une mobilisation générale sans aucun soutien financier (…) On ne peut pas faire machine avant, puis machine arrière ».
Appel des clubs au gouvernement
Dans un communiqué commun inédit, les deux grands syndicats de clubs professionnels (UCPF, Première Ligue) exhortent le gouvernement à se mobiliser pour le début de saison prochaine. Ils demandent « un plan de relance » économique pour le secteur et espérant « des stades ouverts » au public pour le début de la saison prochaine. Les deux syndicats rappellent que les instances du foot n’ont pas eu « d’autre choix » que d’arrêter la saison fin avril conformément aux annonces gouvernementales, et veulent « plutôt que de jeter un oeil dans le rétroviseur », à « regarder devant », dans un communiqué.
Ils exhortent notamment le gouvernement à « trouver des solutions » et à travailler sur « un plan de relance » dont ils espèrent « pouvoir discuter rapidement le contenu et les modalités avec les ministères concernés ». Ils insistent sur le caractère « sinistré » de leur secteur. Ils demandent ensuite que soient définis les contours sanitaires de la reprise pour la saison 2020-2021, entre « retour aux entraînements collectifs, organisation de stages et de matches amicaux en présence de spectateurs » et « coup d’envoi de la compétition dans des stades ouverts à un large public ». Avec une priorité : « Permettre à notre public de revivre des émotions dans nos stades. »