Une nouvelle histoire va s’écrire pour Rossignol. Trois ans après le mariage raté avec l’Américain Quiksilver, le fabricant français de skis est cédé à Chartreuse & Mont Blanc (C&MB). Une société dirigée par Bruno Cercley, président de… Rossignol jusqu’en 2005.
La majorité de cette entité, constituée pour la reprise de Rossignol, appartient pour 80% à un groupe financier australien qui répond au nom de Marcquerie, plus connu pour ses investissements dans les infrastructures, et à 20% par Jarden, un groupe américain spécialisé dans l’équipement de la maison et l’outdoor (Campingaz), qui détient notamment les marques de ski K2 et Volkl.
Une offre irrésistible
Le montant de l’opération s’élève à 100 millions d’euros. Une offre irrésistible selon le PDG de Quiksilver, Robert McKnight. L’Américain avait pourtant payé l’affaire 360 millions d’euros en 2005 pour procéder au mariage de la mer et de la montagne. Le financement sera assuré par 75 millions d’euros en cash et 25 millions par un prêt vendeur. L’offre, qui concerne également les marques Dynastar, Look et Lange, reste toutefois assujettie à une condition de financement et à une clause d’ajustement de prix sur la base du fond de roulement. En effet, Rossignol a beau être une marque connue et reconnue, l’équipementier se trouve pris dans une zone de turbulences depuis plusieurs années. Avec un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros en 2007, Rossignol accuse de lourdes pertes (- 40 millions d’euros) et connaît un endettement proche de 300 millions d’euros. Dans ses comptes pour le deuxième trimestre, Quiksilver avait inscrit une dépréciation de 245 millions de dollars sur le fabricant de skis.
Recentrer Rossignol sur son coeur de métier
La société, qui emploie encore 1.600 personnes et fabrique l’essentiel de ses skis dans ses usines de Sallanches et d’Artes en Espagne, n’échappera pas à un plan de restructuration. De quelle ampleur ? Les repreneurs se veulent pragmatiques.
Notre objectif est de replacer Rossignol, aujourd’hui en situation de pertes, sur le chemin d’un succès durable et rentable, annonce Bruno Cercley. Son ambition est de recentrer Rossignol sur son coeur de métier et développer l’offre textile dans un deuxième temps. Nous nous focaliserons sur le renforcement de la position de Rossignol sur son coeur de métier que sont la fabrication et la commercialisation de skis, snowboards, fixations et chaussures, base solide sur laquelle pourra s’appuyer le textile, détaille-t-il.
La stratégie affichée est l’inverse de celle pronée par lancien propriétaire qui ne jurait que par le textile. Ce qui paraît logique pour enrayer le déclin. Mais le pari est osé. En trois ans, le marché du ski a chuté de 20%.
Tout le monde ne perd pas d’argent dans le ski, plaide Bruno Cercley. 70% du coût de fabrication proviennent de la matière première, la délocalisation n’est donc pas inéluctable. Vrai, on avait fini par l’oublier. Mais les récents échecs d’Adidas, avec Salomon (cédé au Finlandais Amer Sports), et de Quiksilver donc, avaient fini par faire plonger cette industrie dans la morosité.
Parmi une cinquantaine de manifestations d’intérêt pour Rossignol, Quiksilver a privilégié une offre avec un manager industriel qui connaissait la boutique, se félicite Bruno Cercley.
Echaudés par le précédent Quiksilver, qui a procédé à près de 600 licenciements, les syndicats restent prudents. Ils auront noté que parmi les actionnaires de C&MB, on trouve Jarden, dont les deux marques de skis sont fabriquées en Chine et en Roumanie.