Coup de semonce sur le marché des articles de sport. En plein coeur de l’été, Adidas a annoncé la délocalisation d’une partie de sa production actuallement effectuée en Chine. Le pays le plus peuplé au monde est devenu trop cher pour le deuxième équipementier sportif mondial.
La Chine n’est plus l’usine du monde. Enfin, plus tout à fait. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Adidas a décidé que la main d’oeuvre chinoise n’était plus bon marché ! L’eldorado des fabricants serait devenu trop cher. Principal raison de ce retournement de situation : la hausse des salaires. Fixés par le gouvernement chinois, ils ont bondi de 18% au premier trimestre 2008 (+10,3% hors inflation). Le salaire moyen en Chine atteindrait désormais 2.300 euros par an. Beaucoup trop pour les investisseurs. Autre problème évoqué : le vieillissement de la population. Il n’y aurait pas assez de jeunes en Chine pour occuper toutes les places d’ouvriers. Enfin, le dernier inconvénient, et non des moindres, vient du coût des transports. Avec l’augmentation des prix du pétrole, la Chine devient moins compétitive puisqu’elle est loin des foyers de livraison comme l’Europe.
Ce mouvement, Adidas ne l’a pas initié. En 2006, l’investissement de l’Union européenne en Chine atteignait 6 milliards d’euros, il est tombé en 2007 à 1,8 milliard d’euros.
La Chine est devenue un marché
La concurrence vient d’Inde où l’investissement a été multiplié par 4 entre 2006 et 2007. Adidas a déjà ouvert une usine dans le pays. Mais l’Inde est déjà concurrencé par d’autres pays asiatiques comme le Vietnam, le Cambodge ou le Laos. La production va également revenir dans les pays de l’ex-URSS et en Europe de l’Est, a indiqué le patron d’Adidas, Herbert Hainer, dans l’hebdomadaire Wirtschaftswoche. Mais pas en Allemagne, a-t-il ajouté, précisant que la part de la production de chaussures Adidas en Chine, qui représente pour l’instant la moitié de la production totale de chaussures du groupe bavarois, va reculer.
La marque aux trois bandes ne tourne toutefois pas totalement le dos à l’empire du Milieu. Le marché chinois des articles de sport se situerait entre 4,2 et 5,6 milliards de dollars par an. Les dépenses des consommateurs en la matière devraient continuer à connaître une croissance à deux chiffres au cours des prochaines années. C’est d’ailleurs à Pékin, durant les Jeux olympiques, qu’Adidas a ouvert son plus grand magasin du monde (3.170 mètres carrés).