En exclusivité pour Ouest-France, le directeur du Team Banque Populaire, Ronan Lucas, et la directrice générale banque de proximité et assurance de Banque Populaire, Hélène Madar, reviennent sur l’affaire Clarisse Crémer. Ils se justifient d’avoir tout mis en œuvre pour que la navigatrice puisse participer au Vendée Globe. Ils ne sont pas tendres non plus avec l’organisateur du tour du monde.
Au lendemain de l’annonce du rachat par le Gallois Alex Thomson du monocoque Imoca Banque Populaire, qui devrait finalement être récupéré par Clarisse Crémer (!), Hélène Madar, directrice générale banque de proximité et assurance au sein du groupe, a été la première à répondre aux questions de Ouest-France. « On pense que, depuis la vente du bateau, cette semaine, on arrive à la fin d’un cycle autour de cet événement. Et il nous paraissait important aujourd’hui de donner une vision de la façon dont on avait vécu les choses, et d’expliquer comment on se projette dans l’avenir », a-t-elle commencé à expliquer.
La dirigeante a ensuite défendu la position de Banque Populaire et regretté notamment qu’elle soit considérée comme une banque faisant peu de cas de l’égalité hommes-femmes : « Nos entreprises du groupe sont bien identifiées comme des entreprises avec des avancées sociales majeures. Notamment au niveau de la mixité et de l’égalité des chances pour tous (…) Je suis une femme directrice générale et Banque Populaire a toujours accueilli des femmes dans des postes à responsabilité. L’enjeu n’était pas de ne pas faire courir une femme, l’enjeu était de pouvoir faire bouger un règlement. Et nous n’avons pas été entendus. Maintenant, on est vraiment ravis qu’il y ait un règlement qui va bouger pour la prochaine édition. Et j’espère que la commission qui va être présidée par Patricia Brochard va faire que les femmes qui attendent un bébé, mais aussi tous les skippers qui ont un empêchement, pourront courir et aller au bout de leur passion au maximum ».
L’organisation du Vendée Globe est visée. En l’occurrence le département de la Vendée via la Saem Vendée, qui a décidé, avec la classe Imoca, les règles de sélection et qualification pour ce tour du monde 2024. Et pour que les choses soient bien claires, Hélène Madar a ajouté : « À un moment donné, on s’est retrouvé face à un mur, à une difficulté à se faire entendre alors qu’au XXIe siècle cela nous paraissait d’une grande normalité de proposer cette évolution (du règlement). »
Ronan Lucas, le directeur du Team Banque Populaire, en a rajouté une couche, toujours dans Ouest-France, et s’est défendu avec vigueur : « Pour nous, ce n’était pas un problème de maternité. On a essayé de faciliter les projets personnels de Clarisse puisqu’elle était au sein de notre équipe Banque Populaire les deux années précédentes, et c’était avant tout un problème de règlement avec le Vendée Globe. On s’est battu, les 24 mois précédents pour essayer de faire changer les règles pour essayer de marquer des milles. Alors nous attaquer sur le terrain de la maternité, on a trouvé ça assez dur, parce que, par le passé, il y a des femmes soutenues par Banque Populaire qui ont eu des enfants, qui ont réintégré leur poste… dont cela a été difficile à digérer. »
Et Ronan Lucas d’ajouter : «Je suis capable de dire tout ce que l’on a mis en œuvre pour partir au Vendée Globe avec Clarisse Crémer. On a fait un lobbying important pour influer sur les nouvelles règles avant qu’elles ne soient adoptées, et qu’elles nous soient favorables. Pourquoi, si je n’avais pas eu envie que Clarisse soit avec nous, je me serais donné autant de mal. (…) »
Le patron du Team Banque Populaire regrette ainsi que la fameuse « invitation » prévue dans le règlement à la discrétion de la Saem Vendée n’a pas été d’ores et déjà accordée à la navigatrice. Après la vive polémique et les multiples réactions (jusqu’au ministère des sports) ayant suivi l’annonce de son éviction, difficile d’imaginer que si Clarisse Crémer trouve un partenaire pour le prochain tour du monde et qu’elle n’a pas engrangé suffisamment des milles pour décrocher l’une des 40 places prévues dans le port des Sables d’Olonne, la Saem Vendée ne lui accordera pas la fameuse wild card… Banque Populaire restera à terre pour ce tour du monde, ce qui ne remet pas en cause, selon Hélène Madar et Ronan Lucas, son investissement dans la voile.
Le voilier de Banque Populaire racheté et confié à Clarisse Crémer
Alex Thomson, 2e du Vendée Globe 2016/2017, a racheté le monocoque de Banque Populaire, sans barreur depuis que le groupe bancaire s’est séparé de Clarisse Crémer, pour que le bateau soit au départ du prochain Vendée Globe. Agé de 48 ans, le navigateur britannique, habitué du Vendée Globe (5 participations) ne souhaite pas s’aligner au départ de la prochaine édition, mais il compte être présent comme manager. Le Gallois va louer le bateau à Clarisse Crémer. Celle-ci va toutefois devoir trouver un financement et monter rapidement un projet avec un nouveau sponsor. Le dossier semble toutefois sur la bonne voie. Au vu de la polémique créée après son éviction et des différentes réactions, on peut supposer que la navigatrice de 33 ans et jeune maman pourrait bénéficier d’une invitation pour prendre part au prochain Vendée Globe sans avoir à remplir toutes les cases des qualifications. Un obstacle à l’origine de sa séparation avec Banque Populaire.