Après avoir longtemps semblé prendre à la légère l’idée d’un déménagement du tournoi de Roland-Garros, Paris a repris la main sur le dossier. Pour conserver les Internationaux de France de tennis, la capitale a présenté son dossier auprès de la Fédération française de tennis. Avec plusieurs arguments à faire valoir.
Bertrand Delanoë craint-il d’être désigné comme le maire qui a fait partir Roland-Garros de Paris ? Pour éviter d’être accusé d’avoir perdu les Internationaux de France de tennis, le maire PS de Paris pilote lui-même ce dossier sensible. Au point de s’être rendu à l’Elysée pour demander son soutien à Nicolas Sarkozy. Au point aussi de s’être fendu d’une grande déclaration d’amour, Paris aime Roland-Garros, lors du dernier conseil municipal, mi-décembre.
Les trois autres dossiers en lice (Gonesse, Marne-la-Vallée et Versailles) ne jouent pas seulement les faire-valoir dans ce concours. Les projets sont tous crédibles et potentiellement intéressants. Aussi, Paris s’est employé à masquer ses défauts, comme son manque de foncier, afin de mieux mettre en lumières ses atouts. Certes, Paris ne propose que 5 hectares d’extension au site actuel (8,5 hectares), mais offre de réviser son plan local d’urbanisme (PLU) afin de permettre la couverture du court Philippe-Chatrier et de construire un nouveau court de 5.000 places. Paris veut conserver le tournoi, mais ne propose pas à la FFT de devenir propriétaire des terrains comme les promoteurs de Gonesses et de Marne-la-Vallée s’y sont engagés. Non, Paris propose simplement un bail. Mais un bail de 99 ans ! En échange, la ville se montre également magnanime à l’égard de la FFT. Quand bien même la publication, non autorisée, d’un rapport de l’inspection générale de la Ville a dénoncé le montant anormalement bas de la redevance acquittée par la FFT (1,6 million d’euros par an). La redevance révisée ne sera pas dix fois supérieure à l’actuelle comme le préconisait le rapport, mais ajustée aux recettes de la FFT. Paris propose une redevance de 3 millions d’euros par an, de 2012 à 2016, puis un loyer indexé sur le chiffre d’affaires de la FFT qui porterait la facture à 6 ou 7 millions d’euros. La hausse serait exponentielle par rapport à aujourd’hui, mais parfaitement supportable. Paris déroule-t-elle le tapis rouge à la FFT ? On peut se le demander. En tout cas, la capitale fait des efforts. Comme le prouve cette décision passée inaperçue il y a quelques mois de confier à la FFT, pour 20 ans, la gestion du fameux stade Jean-Bouin, à proximité de Roland-Garros. Alliée à la Ligue de tennis de Paris et à l’Association Paris Jean-Bouin, la FFT récupère quelques équipements sportifs comme des courts de tennis, mais aussi un restaurant et un club house. A Jean-Bouin, elle compte développer une opération de relations publique durant le tournoi.
Paris propose aussi d’accorder une subvention de 20 millions d’euros pour les investissements de la FFT. Le projet parisien serait financé ainsi : 150 millions d’euros empruntés par la FFT sur 25 ans, auxquels s’ajoutent les 20 millions de la mairie de Paris, plus 20 autres millions de subventions publiques. Le solde serait apporté par la fédération sur ses fonds propres. De quoi réfléchir à deux fois avant de plier bagage.