Rafael Nadal a été nommé lundi ambassadeur de la Fédération saoudienne de tennis (STF), un titre qui symbolise selon l’Espagnol le «potentiel» de la monarchie du Golfe pour devenir une place forte du sport dans l’avenir. Mais son association avec l’Arabie Saoudite fait débat.
Le joueur espagnol passera du temps dans le royaume chaque année pour développer le tennis. Une nouvelle « Académie Rafa Nadal » verra le jour. Partout où vous regardez en Arabie saoudite, vous voyez la croissance et le progrès et je suis heureux d’en faire partie », explique le joueur aux 22 titres du Grand Chelem. « Je continue à jouer parce que j’aime ce sport. Mais au-delà du jeu, je veux aider (le tennis) à se développer dans le monde entier et il y a un vrai potentiel en Arabie saoudite », ajoute l’Espagnol de 37 ans, qui a fait un bref retour à la compétition au début du mois, après près d’un an sans jouer en raison d’une blessure.
« Les enfants regardent l’avenir et j’ai vu qu’ils étaient passionnés de sports… Je veux les encourager à prendre une raquette et profiter des bénéfices d’une vie saine », a expliqué ensuite sur son compte X (ex-Twitter) Nadal, qui a visité récemment une académie de tennis à Ryad.
Seulement, la monarchie pétrolière, premier exportateur de brut mondial, s’attire les critiques des défenseurs des droits humains et des organisations environnementales qui l’accusent de sportwashing pour redorer sa réputation. Sur les réseaux sociaux, Nadal est vivement critiqué pour sa décision. « On demande le Hawk Eye pour vérifier l’état des droits de l’homme en Arabie Saoudite », dit un suiveur.
L’Arabie saoudite utilise depuis plusieurs années le sport comme levier diplomatique avec la Formule 1, le Dakar, la MotoGP, le circuit de golf LIV, le football – elle est seule candidate à l’organisation de la Coupe du monde 2034 – et le tennis. Le royaume a accueilli en 2023 son premier tournoi ATP, le Next Gen à Jeddah. Alors qu’un contrat de cinq ans a été conclu, d’autres événements devraient suivre. Le contrat avec l’ATP « signale la volonté du pays de faire du tennis une grande partie de son calendrier international et il est le premier d’une série de tournois de tennis professionnel qui pourraient être organisés en Arabie saoudite », selon la STF.
Wozniacki : « C’est inévitable »
Les patrons du tennis féminin réfléchissent aux aussi à la possibilité d’organiser le Masters de fin d’année dès 2024 dans cet État du Golfe. Interrogée après son élimination de l’Open d’Australie sur l’implication croissante de l’Arabie saoudite, la Danoise Caroline Wozniacki s’est montrée un brin fataliste. « C’est inévitable », a lancé l’ancienne numéro 1 mondiale. « Je pense qu’il est inévitable que cela se produise, et je pense que lorsque cela se produira, nous aurons la possibilité de changer les choses et de faire quelque chose de bien là-bas », a déclaré la joueuse danoise. « Je n’ai pas lu grand-chose sur Rafa et ce qu’il fait, mais il est évident que l’Arabie saoudite s’intéresse de très près au sport. Je pense que c’est le cas pour le golf, le football et maintenant le tennis », a encore souligné la vainqueure de l’Open d’Australie 2018.
La N.1 mondiale actuelle, Iga Swiatek, a déjà affirmé que la question n’était pas « noire ou blanche ». « Il m’a toujours été difficile de dire si c’était une bonne chose ou non, parce que ce n’est pas facile pour les femmes dans ces régions. Il est évident que ces pays veulent aussi changer et s’améliorer sur le plan politique et sociologique. Il n’est pas facile de prendre une décision », a jugé la Polonaise.