La 24e édition du Trophée Clairefontaine, remportée par François Gabart à la Grande-Motte, sera la dernière sous ce nom. Le groupe Exacompta Clairefontaine retire son soutien à l’épreuve. La fin d’une histoire commune ? Pas tout à fait.
Le Trophée Clairefontaine fêtait son vingt-troisième anniversaire cette année, à l’occasion du vingt-quatrième rendez-vous de rentrée des champions de voile – le cinquième à La Grande Motte, après avoir fréquenté les ports de La Trinité-sur-Mer où il est né, Le Cap d’Agde et Valence (Espagne). Certains champions, comme les Néo-Zélandais Chris Dickson en 1994, puis Dean Barker en 2000, ont découvert la compétition sur les catamarans monotypes du Trophée Clairefontaine. En tout, 27 champions étrangers, venus de dix pays différents, ont couru le Trophée Clairefontaine en vingt-quatre éditions. D’autres ont découvert ce show nautique à l’étranger, comme le Néo-Zélandais Grant Dalton à Cadiz (Espagne) en 1998, toujours sous le logo Clairefontaine affiché dans la grand-voile. Le Groupe Exacompta Clairefontaine a également concouru à la réalisation dun Top Champions à La Trinité-sur-Mer en 1992, qui fût la toute première épreuve de match racing sur catamarans jamais organisée au monde ; à trois Top Champions à Marseille (1994, 1995 et 1996) ; au Trofeo de Cadiz en Andalousie (1998), puis au Banque Libano-Française Trophy (1999), la première épreuve de voile internationale courue à Beyrouth après la fin de la guerre du Liban. Soit trente Trophée des Champions de collaboration avec l’équipe de l’organisateur, SailingOne. L’histoire avec la voile avait démarré bien avant encore : le Spi Clairefontaine a été le maillot jaune du Tour de France à la voile 1988.
Exacompta Clairefontaine avait besoin de renouveler son message
Ce changement de cap a-t-il des fondements économiques ? Lorsqu’un partenaire se retire, la question se pose évidemment. Au premier semestre 2013, Exacompta Clairefontaine a réalisé un chiffre d’affaires de 254,12 millions d’euros, avec un résultat net après impôts en perte de -1,85 million d’euros. Le spécialiste du papier soulignait cet été que la visibilité sur son environnement économique était toujours incertaine, d’autant que matières premières et énergie connaissaient des tensions haussières. Dans le même temps, les prix de vente demeuraient sous pression. Cependant, la raison fondamentale tient à une réorientation stratégique de communication. Le naming du Trophée Clairefontaine n’était plus en adéquation avec les aspirations de l’entreprise dont les principales marques (Clairefontaine, Exacompta, Quo Vadis et Rhodia) avaient fait de l’événement voile un soutien à la communication télévisée à chaque rentrée scolaire. Nous n’avons pas été mis devant le fait accompli, nous explique Yvan Griboval, le créateur de SailingOne. Nous n’intervenons pas en tant qu’organisateur, mais comme un conseil auprès de son client et de sa stratégie. Depuis deux ans, nous avions identifié que le Trophée Clairefontaine ne répondait plus à l’évolution du groupe Exacompta Clairefontaine. Conçu au départ comme un soutien pour accompagner la communication du groupe autour de la rentrée des classes (grâce à la diffusion des images du trophée dans les journaux télévisés), le rendez-vous s’est transformé au fil des ans en événement de relations publiques avec la réception des principaux clients du papetier. L’évolution du marché a accompagné ce changement. Au début des années 1990, le groupe comptabilisait encore 12.000 clients, principalement des papeteries de quartier. Aujourd’hui, Clairefontaine a besoin de communiquer différemment auprès de sa clientèle, indique Yvan Griboval. Il y a un besoin de renouvellement alors que nous étions installés sur le même site depuis cinq ans.
Le Trophée des Champions de Voile continuera
Son engagement va désormais se focaliser sur une action d’intérêt général au profit de la communauté scientifique, sur le thème du changement climatique, pour aider à sensibiliser le plus large public. Le papetier apportera son soutien à l’association Meroceans, dont la vocation est de concourir à la défense de l’environnement océanique. Et ce, dans le prolongement de la philosophie d’entreprise du groupe familial Nusse qui préside aux destinées du groupe depuis sa création, en 1858. En matière de mécénat, Clairefontaine soutient l’UNICEF depuis janvier 2004, au profit de la scolarisation des enfants défavorisés. Depuis dix ans, le logo de l’UNICEF était d’ailleurs affiché sur le spi de chacun des huit champions du Trophée Clairefontaine. On change au niveau du message, ajoute le patron de SailingOne, à la barre du projet Meroceans. Cette nouvelle action renforce la communication autour de l’engagement de l’entreprise.
Que va devenir le Trophée créé en 1990 ? Le Trophée des Champions de Voile continuera de réunir des champions de disciplines différentes de la voile internationale à égalité de chances sur ces catamarans identiques selon son propriétaire. En revanche, son évolution et son nouveau site ne sont pas encore arrêtés. Le Trophée existe toujours. Nous sommes sollicités par différents groupes pour lui donner un nouveau nom, précise Yvan Griboval. Et même pour déménager l’événement à l’étranger selon son concepteur. Quelle que soit l’orientation que nous prendrons, nous ne referons pas l’événement à l’identique.