Que des entreprises donnent leur nom à des épreuves sportives, des bateaux ou des stades est désormais une pratique courante. Mais avec un pays, la chose est plus rare. Le Qatar, émirat du golfe Persique, est le nouveau partenaire titre du prestigieux Prix de l’Arc de Triomphe, qui aura lieu cette année le 5 octobre à Longchamp. Il remplace le groupe Lucien Barrière.
Pour être précis, ce n’est pas exactement le Qatar qui va parrainer l’épreuve au cours des cinq prochaines années, mais le Qatar Racing & Equestrian Club (QREC). Cependant, les liens entre l’organisme et le gouvernement qatari sont si ténus, qu’il est difficile d’éviter le raccourci. Pour France Galop, en charge du développement des courses de plat et d’obstacle en France, l’arrivée du Qatar comme sponsor-titre est une aubaine après le retrait du groupe Lucien Barrière, sponsor de l’Arc durant neuf ans. Grâce au Qatar, et aux 18 millions d’euros que l’émirat va investir dans le partenariat, France Galop voit l’allocation de la plus prestigieuse course de galop au monde doubler. Elle passe à 4 millions d’euros. Mieux que le très coté Derby d’Epsom, en Angleterre.
Si l’intérêt de France Galop est évident, celui du Qatar ne saute pas aux yeux immédiatement. Il recouvre plusieurs niveaux. Ce partenariat, initié l’an passé à l’occasion du prix du Moulin de Longchamp, s’inscrit avant tout dans le cadre d’une communication centrée sur le sport. Après avoir organisé les Jeux asiatiques l’an passé, Doha, la capitale de l’émirat, compte présenter sa candidature à d’autres événements : Jeux olympiques, Coupe du monde de football, etc. Le Grand Prix de l’Arc de triomphe, c’est la plus grande course au monde, explique le cheikh Mohamed Bin Faleh Al Thani, vice-président du Qatar Racing & Equestrian Club. C’est aussi la plus regardée. Le nom de notre pays va profiter de cette exposition.
Des visées touristiques et commerciales
C’est le premier étage de la fusée qataris. Riche de ses pétrodollars, les dirigeants de ce micro-état veulent en faire une destination touristique. Encore faut-il être capable de le situer sur une carte. Autre ambition du Qatar : le marché du négoce des pur-sang. Un domaine dans lequel la France tient le haut du pavé. Les Qataris espèrent devenir producteurs de champions, et plus spécialement de pur-sang arabes. Pour appuyer son dessein, le Qatar profitera de la médiatisation du Prix de l’Arc de Triomphe (retransmise dans 200 pays, l’épreuve touche plus d’un milliard de téléspectateurs) pour exposer cette race avec une course qui lui sera dédiée, la Qatar Arabian World Cup, qui devient la course de chevaux arabes la mieux dotée au monde avec une allocation de 350.000 euros. En marge de l’événement, une vente de poulains est également prévue.
Après cet accord, France Galop (516 millions d’euros de chiffre d’affaires pour l’année 2007) continue de repenser son offre marketing pour le parrainage de ses épreuves dont plusieurs sont en cours de négociation. Hermès, partenaire depuis près d’un quart de siècle du Prix de Diane à Chantilly (contre 350.000 euros annuels), s’est retiré. Mitsubishi Motors, associé depuis deux ans au Prix du Jockey-Club (1,5 million d’allocations), n’a pas levé l’option d’une année supplémentaire. Enfin, pour Gras Savoye, partenaire du Grand Steeple-Chase de Paris (sponsorisé pour environ 250.000 à 300.000 euros), le contrat court jusqu’en 2009.
Total partenaire du Prix de l’Arc de Triomphe
Le groupe pétrolier Total, déjà partenaire du Prix du Moulin à Longchamp ainsi que de plusieurs épreuves au Qatar, s’est engagé aux côtés du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe en tant que sponsor officiel pour une durée de cinq ans.