Chaque jour apporte son lot de révélations sur la corruption au sein de la FIFA, mais alors que les procédures judiciaires se multiplient dans le monde (la Fédération internationale de football fait l’objet de poursuites judiciaires aux États-Unis et en Suisse), aucun partenaire commercial ne s’est désisté.
La première des explications est contractuelle. On ne casse pas du jour au lendemain des accords à plusieurs dizaines de millions de dollars par an. Stratégiquement, il est difficile de se passer aussi de la Coupe du monde. L’épreuve est la vraie raison de l’implication des différents sponsors. Elle offre une caisse de résonance que seuls les Jeux olympiques peuvent concurrencer.
Visa a pourtant annoncé son intention de réévaluer son parrainage, si la FIFA ne prenait pas de mesures rapides. Se disant extrêmement préoccupé, le constructeur automobile Hyundai lui a emboîté le pas, tout comme d’autres partenaires, Adidas et Coca-Cola, entre autres. Si certains partenaires en ont émis l’idée, aucun n’a osé franchir le pas. Ce n’est pas un hasard si Visa s’est montré le plus véhément. L’entreprise américaine traite de flux financiers. Il est impensable pour elle d’être associée à un manque de transparence.
En s’exprimant très fort, Visa a cherché à se protéger. Une technique pour gérer les périodes de crise. Les entreprises doivent réagir comme si elles faisaient partie de la solution. Elles doivent prendre les devants en réclamant un grand nettoyage, ou menacer de retirer leur soutien à terme.
Des baux non renouvelés
Si le transfert d’image est pour l’instant plutôt négatif, la première marque impactée en réalité est celle de la FIFA elle-même. L’inculpation de plusieurs cadres de l’institution pour des faits présumés de corruption a largement entamé sa crédibilité. Du reste, avant même ces révélations, pas moins de cinq sponsors navaient pas renouvelé leur contrat en fin dannée dernière : Sony, Emirates, Continental, Johnson and Johnson et Castrol. Le turnover des partenaires est normal, mais le ratio est élevé. La polémique sur lattribution du Mondial 2022 au Qatar qui secoue la FIFA depuis maintenant de très longs mois ne peut y être étrangère…
Interpol casse son accord
Interpol, l’organisme de coopération policière internationale, a mis entre parenthèses un programme initié en 2011 et destiné à renforcer l’intégrité dans le sport qui avait fait l’objet d’un financement de 20 millions d’euros de la FIFA. Interpol annonce la suspension de son accord avec la FIFA suite aux enquêtes pour corruption engagées contre l’organe directeur du football, indique l’organisation qui gèle l’utilisation des fonds fournis par la FIFA. La FIFA, dont le directeur de la communication vient de démissionner après une mauvaise blague, s’est déclarée déçue, soulignant que le programme suspendu n’avait rien à voir avec les problèmes actuels de l’organisation. La FIFA et Interpol coopéraient pour empêcher la manipulation d’évènements sportifs et surveiller les paris clandestins.
Une autre organisation internationale procède à une revue stratégique de ses accords avec la FIFA. Il s’agit de l’ONU. Nous regardons de près les partenariats existants, a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric. Mais aucune décision n’a été prise quant à un éventuel arrêt de ces partenariats, a-t-il souligné. Nous sommes très engagés dans l’utilisation du sport pour diffuser notre message de développement et de tolérance. Ces partenariats, conclus à l’occasion de la Coupe du monde ou d’autres événements, visent à promouvoir notamment la lutte contre la pauvreté, l’égalité homme-femme ou la protection de l’enfance. Lors du Mondial 2010 en Afrique du sud, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) avait ainsi organisé des espaces pour les enfants lors de quatre événements de la FIFA prévus dans trois villes accueillant des matchs.