L’assureur mutualiste français MMA sera le parraineur du futur grand stade du Mans, le MMArena, le premier en France à bénéficier d’une opération de naming. Pour le club, quel est l’intérêt ?
Le nouveau stade comptera 25.000 places assises et couvertes quand l’actuel Léon Bollé, constructeur d’automobiles, en offre 17.000 dont 6.000 couvertes. Cette seule donnée montre à quel point le MUC 72 va changer de dimension lorsqu’il foulera la pelouse de la nouvelle enceinte. D’ici là, le stade va faire parler de lui comme étant le premier en France à prendre le nom d’une entreprise privée. Le naming de stade débarque et c’est au Mans qu’il a débuté. Les Mutuelles du Mans Assurances (MMA), qui auraient doublé Groupama (partenaire du MUC 72) et un équipementier automobile, verseront au moins un million d’euros par an, pendant dix ans, pour donner leur nom au stade. Nous sommes très heureux de mettre notre nom sur le stade, s’est réjoui Thierry Derez, PDG de MMA. C’est bon pour le retour financier de notre notoriété et aussi l’enracinement de la compagnie dans le paysage local.
MMA se place dans la logique d’Allianz avec le stade de Munich. L’entreprise allemande, fortement implantée localement, a fait de l’enceinte du Bayern Munich et du Munich 1860 un site stratégique. Allianz a réussi un formidable coup marketing en s’associant au nouveau stade de la ville en échange de 100 millions d’euros sur 15 ans.
L’opération mancelle s’est bouclée pour un montant inférieur aux contrats de naming négociés à l’étranger. Sport+Markt a recensé 120 namings en Europe à travers 13 pays, dont 60 sur le seul territoire allemand pour un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros annuels, dont 47 millions d’euros outre-Rhin. Aux Etats-Unis, 85 des 121 enceintes abritant une franchise sont sponsorisées. Un seul contrat, celui conclu entre les New Jersey Nets et la banque Barclays, rend toute comparaison impossible. Signé pour vingt ans, la Barclays Arena rapportera près de 400 millions de dollars à la franchise de NBA.
La mairie reste maître d’oeuvre du projet
Des chiffres qu’il convient de mettre en perspective avec la dimension du club sarthois encore neuf au plus haut niveau. Pour le MUC 72, l’opération ne va pas entraîner une explosion du budget (de l’ordre de 25 à 30 millions d’euros par an). Mais le stade, préalable au changement de dimension, va servir d’outil pour sa croissance en apportant des recettes supplémentaires : billetterie, relations publiques, offres marketing. Et ce, bien que le club de Ligue 1 ne soit pas le propriétaire de l’enceinte. La mairie reste en effet maître d’oeuvre du projet. En juin dernier, elle a lancé un appel d’offres à concession. Vinci, Bouygues, et le fonds de pension américain Colony se sont montrés intéressés. L’argent apporté par MMA ira d’ailleurs dans les caisses du concessionnaire au rayon compte d’exploitation. On touche ici au point faible du dossier sarthois. Si le club de football sera le principal utilisateur de l’enceinte, il n’est pas le décisionnaire. Le club a participé à la négociation pour la venue de MMA, mais c’est avec la mairie que l’assureur d’origine mancelle a contracté. L’accord prévoit une association d’image entre la ville et MMA au travers de la signalétique urbaine et du stade. Pour l’instant, aucune exclusivité sectorielle n’a été conclue avec le MUC 72. Le club de L1 pourrait donc avoir pour partenaire principal un autre assureur que MMA. Une situation difficilement imaginable. De la même façon, de 12 loges actuellement à Léon Bollé, les emplacements de ce type dans la future enceinte vont passer à 40. Mais qui pourra les exploiter ? Le futur concessionnaire ou le club de football ? Des zones d’ombres existent autour de ce dossier.
Reste également à construire le stade, aujourd’hui estimé à 80 millions d’euros, et espéré pour l’été 2009.