Le monopole d’un seul et unique équipementier auprès de l’équipe de France olympique est révolu. Le CNOSF vote un changement majeur dans sa stratégie marketing en décidant de laisser les fédérations négocier leur propre contrat avec les marques pour les Jeux olympiques. Applicable avec la prochaine olympiade, la décision n’empêchera cependant pas la Fédération française de football (FFF) de verser une importante indemnité à Nike pour avoir fait jouer l’équipe de France féminine en Adidas lors des Jeux de Londres.
Le football a allumé la mèche en se rendant compte, mais trop tard, que son contrat maousse costaud (42,5 millions d’euros par an) avec Nike ne comportait pas de clause spéciale Jeux Olympiques. Résultat, l’équipe de France féminine s’est qualifiée pour les Jeux de Londres, a disputé les demi-finales et vaut aujourd’hui à la FFF une pénalité de 5 millions d’euros en faveur de son équipementier qui a vu les Bleues disputer toute la compétition en Adidas. Règlement olympique oblige, l’équipementier officiel du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) avait l’exclusivité. L’erreur ne se répètera pas deux fois. Le monopole de l’équipementier unique sur l’équipe de France olympique appartient au passé.
A l’unanimité moins deux abstentions, le conseil d’administration du CNOSF choisit de retirer la tenue de compétition de l’appel d’offres qui sera adressé la semaine prochaine aux équipementiers. Le CNOSF imite ainsi les CNO allemands, américains et chinois.
Première conséquence, Adidas, qui habillait l’équipe de France olympique depuis 1976, va perdre son monopole. L’appel d’offres du CNOSF ne va concerner que les tenues de représentation, notamment le défilé de la cérémonie d’ouverture, qui n’était jusque là pas concerné, la tenue de réception des médailles et les vêtements portés au Village. La tenue de compétition de l’équipe de France olympique sera laissée à l’équipementier de chaque fédération qui sera tenu de respecter une ligne, précise Denis Masseglia, président du CNOSF. Jusqu’à présent, la seule exception concernait les éléments techniques de chaque sport, comme les chaussures au football, ou les maillots de bain pour les nageurs. Nous répondons à la demande de plusieurs fédérations, nous précise Frédéric Quenet, directeur marketing du CNOSF.
Deuxième conséquence de cette décision, le CNOSF devra faire face à un manque à gagner du fait de la perte d’exclusivité. Encore que. On ne connaît pas encore le résultat de l’appel d’offres, répond Frédéric Quenet. Notre démarche est créatrice de valeur. C’est fort possible. Adidas avait versé sur la période 2009-2012 la somme de 3,2 millions d’euros plus 2,6 millions en fournitures. Un montant plutôt avantageux pour la marque aux trois bandes. Lors de la prochaine olympiade, les équipementiers vont théoriquement se multiplier comme les lots (tenues des défilés, ligne sportswear, etc.). Le mouvement olympique est susceptible d’en tirer partie en même temps qu’apparaissent de nouvelles marques (Li Ning par exemple). Ce serait même un coup double si ce changement permettait aux fédérations de négocier de meilleurs contrats. Ce qui est déjà le cas pour la FFF. Elle vient d’économiser une pénalité de 5 millions d’euros sur les Jeux de Rio…
Vers une caisse de mutualisation ?
L’abandon de l’exclusivité sur l’équipe de France olympique n’est pas l’unique nouveauté votée par le CNOSF. Il est également prévu la création d’une caisse de mutualisation entre les fédérations olympiques. Celle-ci serait alimentée par un pourcentage (à définir) sur les contrats d’équipementiers signés par les fédérations. Une sorte de contrepartie à la libération des tenues de compétition. Les fonds serviraient à financer l’achat d’équipements pour les fédérations plus en difficulté pour trouver un partenaire. A suivre.