A coup sûr, cette tenue est devenue un collector. Le maillot une pièce fabriqué par Puma pour l’équipe nationale du Cameroun provoque de multiples réactions. Pour l’équipementier, le coup marketing est réussi. Pour le football camerounais en revanche, ce maillot – NDLR : quel est l’intérêt d’avoir le maillot et le short cousu ? – est comme les douze plaies d’Egypte. La commission d’appel de la Fédération internationale de football (FIFA) confirme le retrait de six points pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2006 et l’amende, 200.000 francs suisses, infligés en première instance (voir La Lettre du Sport n°319).
La FIFA préfère faire dans l’autisme au lieu d’admettre que la sanction est quelque peu disproportionnée par rapport à la faute reprochée. Sepp Blatter, qui demande aux équipementiers des tenues plus moulantes et plus sexy pour le football féminin, se lave les mains de cette décision qui risque de priver le Cameroun du Mondial allemand. Je n’interviens pas et je n’ai pas à intervenir dans les décisions de commissions indépendantes (…) Mais il est clair que, plus que le port de la tenue, c’est le non-respect de la parole donnée (les Camerounais s’étaient engagés à abandonner leur tenue) autant que l’indifférence du Cameroun, qui n’est pas venu se défendre en première instance, qui ont été sanctionnés estime le président de la FIFA.
L’ultime recours pour la fédération réside désormais dans un appel auprès du Tribunal arbitral du Sport (TAS).
Attendus du jugement
Exposé des faits
Lors de la Coupe dAfrique des Nations 2004 en Tunisie, léquipe nationale du Cameroun a disputé son premier match du premier tour contre lAlgérie, le 25 janvier 2004, vêtue dune tenue de jeu non conforme au règlement de la FIFA. Contrairement à la Loi du Jeu n°4 selon laquelle léquipement de base de tout joueur comprend notamment un maillot ou chemisette et des culottes, distincts, la sélection camerounaise est entrée sur le terrain vêtue dun costume une pièce non autorisé.
Suite à cette contravention, la FIFA a immédiatement enjoint à la Fédération de Football du Cameroun, le 26 janvier 2004, de disputer les matches suivants dans une tenue conforme au règlement, avec copie à la Confédération Africaine de Football (CAF), en mentionnant que dans le cas contraire, le cas serait porté devant la Commission de Discipline. La Fédération de Football du Cameroun a immédiatement réagi à cette lettre en indiquant quelle ne serait pas en mesure, avant le 7 février 2004, cest-à-dire avant la fin du premier tour, de modifier la tenue, car son équipementier ne pourrait fabriquer une nouvelle tenue avant cette date. Dans cette lettre, le Cameroun reconnaissait lirrégularité tout en donnant lassurance quil jouerait dès le 7 février 2004, autrement dit après le premier tour, dans une tenue conforme au règlement.
Sur cette base et compte tenu des circonstances particulières, la FIFA a alors accepté à titre exceptionnel que les matches soient disputés dans la tenue non conforme au règlement jusquà la fin du premier tour, tout en réitérant sa remarque quen cas dinfraction, le cas devrait être porté devant la Commission de Discipline. A lissue du premier tour, la sélection nationale du Cameroun a continué de jouer dans sa tenue non conforme au règlement, malgré lassurance quelle avait donnée et au mépris de la directive de la FIFA. Le Cameroun a alors invoqué comme nouvelle raison que son équipementier avait besoin de deux mois pour livrer une nouvelle tenue. Suite à cela, la FIFA a déféré le cas à la Commission de Discipline pour jugement.
Exposé des motifs de la Commission de Discipline
En sappuyant sur cet exposé des faits, la Commission de Discipline de la FIFA a considéré ce qui suit : Selon lart. 2 lit. d des Statuts de la FIFA, la FIFA a pour but de contrôler le football sous toutes ses formes et, partant, le respect des Statuts, des règlements, des décisions et des Lois du Jeu. En utilisant la tenue une pièce, léquipe nationale du Cameroun et donc la Fédération du Cameroun ont violé la Loi du Jeu n°4 qui dispose explicitement que léquipement de base comprend notamment un maillot ou chemisette et des culottes. Compte tenu des circonstances particulières, la FIFA a octroyé une autorisation exceptionnelle à la sélection nationale du Cameroun, valable jusquà la fin du premier tour, pour le port de la tenue une pièce non conforme au règlement, assortie de la directive sans ambiguïté et liée à lassurance donnée par le Cameroun quil porterait une tenue conforme au règlement à lissue du premier tour. Léquipe nationale du Cameroun a outrepassé cette directive en jouant dans une tenue une pièce même après le premier tour. Ainsi, léquipe nationale du Cameroun est-elle passée outre à une directive de la FIFA sans motif valable.
Attendus du jugement
Ces considérations ont conduit la Commission de Discipline à la conclusion suivante concernant les sanctions : Durant la Coupe dAfrique, léquipe nationale du Cameroun a continué de jouer, même après le premier tour, dans une tenue non conforme au règlement, violant ainsi expressément la Loi du Jeu n°4. Le fait que la sélection nationale camerounaise ait ignoré sans raison valable lautorisation exceptionnelle et donc la directive de la FIFA, a valeur de circonstance aggravante (art. 2 lit. d des Statuts de la FIFA). Léquipe nationale du Cameroun a ainsi manqué de respect à la FIFA. De plus, et cela na pas non plus exercé une influence favorable sur le jugement, la fédération du Cameroun na pas non plus pris position sur le cas dans le délai qui lui était imparti, dans le cadre de la procédure de la Commission de Discipline. Dans ce contexte, il convient de qualifier la faute dextrêmement grave, ce qui justifie dinfliger à la Fédération de Football du Cameroun une amende de CHF 200 000.
En outre, la Commission de Discipline de la FIFA est davis que compte tenu de la gravité de la faute, une déduction de points applicable à la compétition préliminaire de la Coupe du Monde de la FIFA est justifiée. La commission a justifié son jugement au motif que dans le cas présent une amende ne peut à elle seule remplir le sens et le but de la sanction. Il convient de prendre en considération le fait que la faute a été commise sur le terrain de jeu, ce dont la sanction doit aussi tenir compte et qui nest possible quen partie avec une amende. Une amende ne peut quinsuffisamment remplir le sens et le but de la sanction car dans le cas présent, une sanction doit avoir un effet éducatif en plus de son effet répressif. Ce but ne peut être atteint que via une déduction de six points dans le cadre de la compétition préliminaire de la Coupe du Monde de la FIFA. Compte tenu de ces circonstances, la Commission de Discipline considère une déduction de six points, en sus de lamende de CHF 200 000 comme proportionnée à la faute.