Dans un entretien à France Info, Emmanuel Macron a estimé dimanche que le désengagement de Total pour sponsoriser les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris, sous la pression de la maire de Paris, n’était «pas une bonne idée» parce que l’entreprise aurait pu «aider à financer des Jeux verts».
« C’est plus facile d’écarter de l’argent privé en donnant des leçons de morale que d’en trouver, donc maintenant on doit mobiliser collectivement tous les financeurs français », a estimé le président de la République. Fin mars, Anne Hidalgo avait écrit au patron du COJO de Paris 2024, Tony Estanguet, pour réclamer des Jeux exemplaires sur le plan environnemental et n’ayant en particulier pas recours à des sponsors actifs dans les énergies fossiles. Référence explicite à Total alors que le nom du pétrolier commençait à émerger pour sponsoriser Paris 2024. « Qu’il y ait des entreprises qui polluent, c’est le cas, mais je ne vais pas expliquer à tous les salariés de Total en France qu’ils ont un travail qui n’est pas digne », a expliqué Emmanuel Macron dimanche. « Total doit s’engager dans une politique de transition énergétique, il faut les aider à cela, a poursuivi Emmanuel Macron. Et si Total peut mettre de l’argent pour aider à financer des Jeux verts et peut mettre de l’argent pour aider à financer la transition, c’est une bonne chose .»
Tous les financeurs sont « bienvenus », a assuré Emmanuel Macron. Certes, a-t-il précisé, ils « doivent être exemplaires sur le plan environnemental et sur le plan de l’inclusion c’est absolument essentiel, mais derrière on doit mobiliser toutes nos entreprises pour qu’elles aident à financer, mais pas avec leur cahier des charges, avec le nôtre ».
En réponse au président de la République, Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo, estime Paris 2024 n’est «pas obligé» de faire de Total «un partenaire majeur de l’organisation des Jeux Olympiques». «Je pense que cela aurait été une forme d’incohérence, estime-t-il. Je pense que cela aurait été souligné, que toute l’équipe France aurait été pointée du doigt en disant : arrêtez de raconter des ‘carabistouilles’, pour reprendre un mot du président de la République. Vous dites que vous voulez faire des JO verts et en même temps, vous faites de l’un des plus gros pollueurs de la planète votre partenaire principal. Il faut un minimum de cohérence.»
«Total, le cœur de son métier, c’est l’exploitation des énergies fossiles. A elle seule, ça représente à peu près 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre», a rappelé l’élu parisien. L’adjoint au maire de Paris a tenu à rassurer : il n’y a «pas d’inquiétudes» sur le budget des Jeux Olympiques 2024. «Des discussions qui aboutiront, il y en aura, des discussions qui n’aboutiront pas, il y en aura également. Il ne faut pas commenter à chaque fois qu’il y a un engagement ou un désengagement d’un partenaire potentiel», a-t-il affirmé.