Plus qu’au football, la question de la limitation de la masse salariale se pose sérieusement dans le monde du rugby professionnel. Un tel système est déjà en place en Angleterre, et les clubs de 1re division anglaise réfléchissent à abaisser le montant maximum qu’ils peuvent dépenser pour le salaire de leurs joueurs afin de répondre à la crise économique.
Si au moins neuf des douze clubs de première division anglaise approuvaient ce changement, le montant global annuel pouvant être dépensé pour les salaires des joueurs passerait de 4 millions de livres actuellement à 3,5 millions de livres (4,4 à 3,8 millions d’euros). Si cette mesure n’était pas adoptée, il y aura d’autres mesures de contrôle des coûts, indique le directeur général de Premier Rugby, Mark McCafferty. Selon une estimation du gestionnnaire du rugby professionnel en Angleterre, les douze clubs de première division pourraient cumuler entre 12 et 20 millions de livres de pertes cette saison (13,3 à 22,1 millions d’euros). Autre phénomène négatif pour les clubs : la chute de la livre risque également de nuire à l’attractivité des clubs anglais par rapport à leurs concurrents irlandais et surtout français.
Mais ce dernier handicap pourrait se transformer en avantage… En effet, du point de vue des instances anglaises, la crise économique mondiale, qui touche durement la Grande-Bretagne, est une bonne chose. Notamment pour l’équipe d’Angleterre, car les clubs vont devoir cesser de recruter des joueurs étrangers. Dans l’environnement financier actuel, les clubs ne regardent plus vers l’étranger. La livre s’est significativement affaiblie par rapport aux autres devises, ce qui signifie que le coût des joueurs étrangers s’est beaucoup accru, a expliqué Mark McCafferty. Le travail des centres de formation commence également à porter ses fruits. Avec tous ces facteurs, je suis convaincu que nous allons assister à une hausse du nombre de joueurs anglais qui évoluent dans des compétitions comme notre championnat. De plus, à partir de la saison 2010-2011, le rugby anglais recevra un bol d’air précieux avec le début du nouvel accord sur les droits TV, d’un montant de 54 millions de livres.
Le rugby français pourrait importer le modèle
McCafferty affirme que la Ligue nationale française de rugby (LNR) l’a approché pour l’interroger sur le système anglais du salary cap : Je crois qu’ils (les Français) sont en train d’examiner leur politique et qu’ils sont confrontés aux mêmes questions. Le comité directeur de la LNR a en effet décidé d’ouvrir trois grands chantiers dont celui de la masse salariale des clubs. La LNR a lancé trois gros chantiers qui doivent aboutir, selon l’objectif que l’on s’est fixé, sous 60 jours, a souligné son président Pierre-Yves Revol, ancien président du Castres Olympique. Le premier est l’étude de mesures visant à encadrer l’évolution des masses salariales des clubs, a-t-il ajouté. Les deux autres concernent une proposition de calendrier pour renforcer l’intérêt sportif du Top 14 et l’équilibre entre joueurs étrangers et joueurs formés dans les clubs.
D’ici 60 jours, le premier groupe de travail devra présenter des mesures concrètes au comité directeur visant, dans un contexte économique difficile, à encadrer l’évolution des masses salariales. Pour M. Revol, il est du devoir de la Ligue de veiller à éviter les dérapages trop importants qui peuvent générer des perturbations pour certains clubs demain. Il faut essayer de s’adapter à la conjoncture économique, privilégier les investissements pérennes et éviter que le marché soit brusquement déstabilisé par des investissements massifs venant de l’extérieur. On va essayer d’éviter un certain nombre d’excès, a insisté le successeur de Serge Blanco.