L’annonce hier soir par le Président de la République Emmanuel Macron de la prolongation du confinement jusqu’au lundi 11 mai permet d’éclaircir, un peu, les dates possibles pour ajuster les calendriers sportifs.
Ligue 1
Alors que la saison de football s’est arrêtée le 13 mars, à la veille de la 29e journée de Ligue 1, le début de la prochaine saison de Ligue 1 a été fixé au 23 août, avec deux semaines de retard sur la date initiale (7 août). La saison actuelle devait s’arrêter le 25 juillet pour permettre aux play-offs et aux barrages de se terminer et de plier bagages le 2 août. L’UEFA devrait privilégier le mois d’août pour la fin de la Ligue des champions et de la Ligue Europa. En France, la Ligue de football professionnel (LFP) prévoit un redémarrage de la Ligue 1 le mercredi 17 juin, avec la 29e journée (la Ligue 2 reprendrait la veille) selon le journal L’Équipe. Les journées s’enchaîneraient tous les trois jours. La finale de la Coupe de la Ligue, entre le PSG et l’OL, est programmée le samedi 27 juin et celle de la Coupe de France, entre Paris et Saint-Étienne, le samedi 11 juillet. Ces dernières rencontres devront changer de date pour éviter la perspective du huis clos. Plus la saison redémarrera tard, moins on jouera, avec un championnat qui n’ira pas à son terme. La LFP n’exclut pas l’éventualité de reprendre la saison sans aller au bout.
L’intérêt de ce dernier scénario serait uniquement économique : il permettrait de donner une bouffée d’oxygène aux clubs aux finances exsangues, qui pourraient récupérer le prorata des droits TV des matches joués. Mais si les compétitions reprennent effectivement, le public ne sera pas présent. Dans son discours, Emmanuel Macron a interdit la tenue des événements publics jusqu’à mi-juillet. De fait, si la Ligue 1 reprenait le 17 juin, les spectateurs ne seraient pas invités à participer. Un scénario qui pourrait, à moyen terme, se retourner contre les clubs (voir encadré).
Top 14
La Ligue nationale de rugby (LNR) doit décider fin avril de la suite à donner au Top 14 et à la Pro D2, suspendus depuis le 13 mars. Les présidents des trente clubs professionnels se sont prononcés en faveur d’une poursuite de la saison pour les mêmes raisons que le football. Avant l’allocution d’Emmanuel Macron, deux scénarios semblaient tenir la corde : maintenir la finale du Top 14 le 26 juin, avec un calendrier resserré, ou bien la déplacer au 18 juillet. Le premier scénario apparaît difficile : il reste neuf journées de saison régulière avant les matches de barrages, les demi-finales et la finale. Soit douze dates à programmer après la période de reprise de l’entraînement. Et sans public.
Tour de France
Emmanuel Macron ayant annoncé que les « événements avec un public nombreux » étaient interdits « au moins jusqu’à mi-juillet », le maintien aux dates prévues (27 juin-19 juillet) du Tour de France semble de facto impossible. Amaury Sport Organisation (ASO) planchait d’ores et déjà sur un report d’un mois de la Grande Boucle. Avec à l’esprit le fait qu’une annulation pure et simple de l’épreuve ouvrirait « la possibilité d’un effondrement économique du secteur », selon les termes de Jean-François Mignot, chercheur au CNRS et auteur d’une « Histoire du Tour de France ». L’éventualité d’une Grande Boucle sans public étant irréaliste, une annonce d’un déplacement de son départ au 25 juillet semble désormais tenir la corde. Mais si on estime nécessaire le délai d’un mois à un mois et demi, le temps que les coureurs puissent reprendre une activité physique normale, que les frontières puissent être ouvertes aux ressortissants non-Européens (le vainqueur sortant, Egan Bernal, est confiné en Colombie) et qu’une ou plusieurs courses de préparation puissent avoir lieu, il est alors vraisemblable que le Tour ne pourra pas se tenir avant la fin du mois d’août.
Le Grand Prix de France de F1
En pole position sur le calendrier d’une saison 2020 amputée des neuf premières courses, le Grand Prix de France de Formule 1, prévu du 26 au 28 juin au Castellet, sera-t-il reporté ou annulé ? L’hypothèse de voir la manche tricolore se tenir à huis clos à la date prévue semble irréaliste car elle priverait le Groupement d’Intérêt Public (GIP) en charge de sa promotion des indispensables recettes de la billetterie. Eric Boullier, le directeur du GP de France, a déclaré la semaine dernière que plusieurs scénarios étaient à l’étude. Désormais, l’heure du choix ne devrait plus tarder à sonner.
Vers une scission avec les supporters ?
Les supporters, anticipant le plan de la LFP, désapprouvent une reprise des championnats sans public. 45 groupes de supporters ont signé un communiqué commun qui indique : « Il n’est pas envisageable que le football reprenne prématurément. Il n’est pas envisageable qu’il reprenne à huis clos. Il reprendra en temps voulu, quand les conditions sanitaires et sociales seront réunies. » Les groupes signataires vont plus loin, et dénoncent un football « devenu un programme télévisuel qui a cru pouvoir se passer de stades pleins, mais qui ne peut surtout pas se passer de l’argent des diffuseurs. (…) Le football coûte que coûte est un football de honte, qui n’au- ra aucun lendemain. »