Jeux olympiques, Euro de football, championnats nationaux, aucune compétition sportive n’est épargnée par la pandémie de Covid-19, avec des conséquences importantes pour l’ensemble des acteurs de la filière sport. Sponsoring.fr fait le point sur la situation avec Magali Tézenas du Montcel, déléguée générale de Sporsora, organisation interprofessionnelle qui rassemble les fédérations et clubs, médias, annonceurs et agences de marketing sportif.
Sponsoring.fr Pouvez-vous nous dire de quelle manière vous vivez le confinement ? Quels contacts gardez-vous ?
Magali Tézenas du Montcel Le télétravail s’est imposé avec une activité partielle pour tenir compte des reports et des annulations des événements sportifs. L’organisation de nos propres événements est également en sommeil pour une période que nous espérons la plus courte possible. Sporsora reste tout de même actif auprès de ses membres. Pour conserver un lien, nous avons maintenu notre newsletter hebdomadaire du jeudi. Il s’agit d’une veille sur l’actualité de nos membres qui nous font remonter les informations. Nous mettons en avant les bonnes pratiques et leurs initiatives durant cette période de crise. Nous les tenons également informés sur les dispositifs mis en place par l’État pour soutenir l’économie. Sporsora a aussi un rôle, dans le cadre de ses relations institutionnelles, de relais du secteur sport auprès du ministère des Sports qui lui-même fait remonter l’information à la cellule de crise de Bercy.
Avez-vous une estimation des conséquences de la crise sur le secteur ?
M. T. Nous avons dès les premiers jours de la crise, mené une enquête auprès des agences et prestataires membres de notre organisation afin de remonter au ministère des Sports des données d’impact. 62 % des répondants se déclarent «très impactés» à «énormément impactés» par la crise du COVID-19. Ils envisagent en moyenne une perte de 28% de chiffre d’affaires. La perte est supérieure pour les petites structures en particulier pour les activités liées à l’organisation d’événements. La perte totale est évaluée à près de 150 M€. C’est pourquoi, en lien avec l’Union des marques et le syndicat professionnel des employeurs du sport (CoSMoS), nous demandons aux autorités de ne pas oublier le secteur du sport. Le sport aura besoin d’un soutien, au même titre que les autres secteurs économiques. Des mesures spécifiques à notre activité permettraient de maintenir la continuité économique. Un assouplissement des contraintes sur les hospitalités, nées de la loi Sapin 2, nous paraît nécessaire.
Dans ce contexte inédit, avez-vous un message à adresser à l’écosystème du sport business ?
M. T. Nous appelons à la bienveillance entre les acteurs, à la bonne foi dans l’exécution des liens contractuels afin que les plus fragiles ne disparaissent pas. Un contrat est fait pour être exécuter. Il serait préjudiciable que certains profitent de cette crise pour se désister et ne pas exécuter le contrat. L’ensemble de l’écosystème serait déstabilisé. Le secteur du sport recouvre une multitude de sociétés avec des structures de différentes tailles, au modèle économique parfois fragile. Pour l’instant tous les acteurs sont plutôt bienveillants, et savent qu’il ne faut pas ajouter de la difficulté à une situation déjà très complexe.
Comment l’écosystème du sport pourra-t-il justifier auprès de ses partenaires de continuer d’investir dans la communication à travers le sport après la crise ?
M. T. A la reprise, les grands partenaires auront un rôle à jouer. Les annonceurs sont habitués aux aléas sportifs. Ils sont partenaires du sport pour le meilleur et pour le pire. Le sport est un puissant levier de communication pour une marque. Les consommateurs se souviendront des marques qui ont eu un comportement responsable. N’oublions pas non plus que le sponsoring sportif fonctionne lorsque l’investissement est pérenne dans le temps.