Chantal Jouanno, Ministre des Sports, a réuni le 14 mars les adjoints aux Sports des villes de plus de 30 000 habitants, adhérents de lAssociation Nationale des Elus en Charge des Sports (ANDES). Une première. Parmi les mesures essentielles annoncées : le renforcement de la concertation lors de la production des normes impactant les finances locales, et le rôle de la CCEN ; les subventions CNDS des projets des clubs soumis à la civi-conditionnalité ; lélaboration dune stratégie partagée de développement durable pour le sport, qui sera présentée début avril avec Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre chargée du développement durable, etc. Sans oublier la création de lAssemblée du sport le 29 mars pour répondre aux attentes du mouvement sportif et des collectivités territoriales.
Selon la ministre, «cette rencontre collective avec les élus du sport marque une étape dans la construction dun partenariat stable entre lEtat et les acteurs majeurs du développement du sport que sont les communes et leurs groupements», précisant quelle ne conçoit pas que lEtat puisse mener sa politique dans lignorance de leurs initiatives, de leurs difficultés, de leurs succès et de leurs attentes.
Chantal Jouanno a rappelé à cette occasion limportance quelle attache à lintercommunalité en matière sportive. «Cette intercommunalité me parait une nécessité absolue, aujourdhui, pour définir les orientations des politiques locales déquipements et de soutien à la pratique sportive. Cest à léchelle de lintercommunalité que doivent être conduites toutes les démarches de type «schéma directeur» parce que cest le territoire pertinent pour construire une offre complète et équilibrée de pratique sportive», souligne la ministre qui tient à rappeler quen la matière, lEtat ne se désengage pas. «Le montant total des moyens affectés au sport par lEtat, budget général et FNDS réunis, était de 480 millions deuros en 2000. Il sélevait à 805 millions d’euros en 2010 et sera de 869 millions en 2011.»
Les missions des communes et de lEtat sont essentielles et complémentaires. Pour donner un sens à cette complémentarité, Chantal Jouanno annonce une série de mesures et de conduites à suivre.
1 «LEtat doit développer lexpertise lui permettant de répondre à ses missions régaliennes».
La ministre annonce que plusieurs réflexions ont été engagées sur le sens de la délégation délivrée aux fédérations sportives, ou sur les dispositions qui peuvent améliorer la compétitivité de la France dans lobtention des organisations de grands événements sportifs. Chantal Jouanno rappelle également que cest lexpertise qui doit permettre de maîtriser la production des normes. «Je connais votre préoccupation sur ce sujet qui a de fortes incidences sur les finances locales. Vous avez le sentiment d’être à la merci de fédérations qui disposent dun pouvoir unilatéral, dont elles nusent pas toujours avec tempérance. La question nest pas, cependant, dinstituer un illusoire contre-pouvoir davis donné à la commission consultative dédiction des normes (CCEN). Ce serait sans effet sur la parution de règlements fédéraux applicables aux équipements sportifs accueillant des compétitions nationales et internationales. Lefficacité, cest la loi qui la procure en limitant strictement ces édictions aux seules exigences de la compétition sur le terrain et de la mise en sécurité des joueurs, excluant donc tout motif dordre commercial. Cest aussi la qualité de la concertation instituée avec les fédérations dans le cadre de la préparation dun passage devant la commission dexamen des règlements fédéraux relatifs aux équipements sportifs (CERFRES) pour les équipements que ce soit à vocation nationale ou locale.»
«Cest par les remarques quautorise leur connaissance précise de la discipline sportive et des équipements sportifs que mes services obtiennent avec les élus des révisions effectives des projets des fédérations.» Chantal Jouanno a précisé quelle avait la volonté que cette expertise soit renforcée et son exercice guidé par une vigilance accrue sur les conséquences financières des projets présentés. «Les élus locaux auront tout loisir den vérifier la réalité puisque j’ai proposé au Premier Ministre, qui a accepté, que la composition de la CERFRES soit élargie à deux élus supplémentaires, désignés par le comité des finances locales. Jai également obtenu quun rapport annuel sur les avis de la commission soit présenté par le directeur des sports devant la CCEN.» Les exigences contractuelles formulées par les ligues sportives professionnelles devront faire lobjet dune attention particulière, prévient la ministre des sports. «Leur incidence financière devrait être supportée par les clubs professionnels, mais elle retombe trop souvent sur les communes. Ce devrait cependant être de moins en moins le cas avec lévolution du modèle économique du sport professionnel.»
2 «La fonction dexpertise doit également venir éclairer les responsables sportifs, publics, associatifs et économiques dans la conduite de leur politique de développement des pratiques sportives.»
Cest la fonction dEtat stratège que la ministre entend restaurer, notamment en sadressant, directement aux clubs et associations sportives du pays. «Mon message est simple. Leur mission est essentielle. Ils donnent à nos jeunes une éducation sportive. Ils permettent à beaucoup dadultes de pratiquer un sport tout au long de leur vie. Ils sont un puissant agent de transmission des valeurs républicaines qui assurent notre cohésion sociale : création de lien social, apprentissage de la démocratie, éducation au respect de soi, des autres et du monde.» Cest pour cette raison que Chantal jouanno a introduit dans les directives demploi des crédits du CNDS le principe de civi-conditionnalité. Les aides seront désormais soumises à la présentation du projet de club, au sein duquel seront clairement identifiés les volets éducatif et éthique. Il intègrera à terme une charte éthique. Afin daccompagner cette démarche un vadémécum, à lélaboration duquel lANDES a participé, est mis à la disposition des clubs et des services déconcentrés. La ministre des sports souhaite aussi affiner la connaissance que lEtat et les communes ont de loffre sportive. «Nous disposerons dès le mois davril dun atlas des équipements sportifs qui nous permettra de mieux identifier les territoires déficitaires. Jai voulu que cet instrument de macroanalyse soit complété par des collaborations volontaires dans la réalisation de diagnostics territoriaux approfondis au niveau local avec une méthodologie à laquelle je souhaite vous associer. On observe en effet que ce qui peut être qualifié dexplosion de la pratique sportive a bien évidemment des incidences sur la conception des équipements, leur maillage et leur usage. Les déterminants danalyse des diagnostics pour lesquels je souhaite un travail conjoint doivent intégrer ces évolutions lourdes. Jai demandé aux nouvelles directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) de vous proposer ces réalisations de diagnostics.»
Sachant que les élus du sport sont très mobilisés sur les enjeux du développement durable, et suite aux assises nationales et territoriales du sport et du développement durable (conduites en 2010 avec lensemble des acteurs concernés, Ndlr.), Chantal Jouanno présentera début avril une stratégie de développement durable pour le sport avec Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre chargée du développement durable. Une dizaine dactions prioritaires sur lesquelles Chantal Jouanno entend mobiliser pleinement lensemble des services du ministère des sports seront alors présentées.
3 La Ministre tient à ce que «les services territoriaux de lEtat et les communes ou leurs groupements renouent avec un type de partenariat plus global portant sur lorganisation des loisirs éducatifs des jeunes».
«Le message que je veux vous délivrer comme Ministre des Sports, cest que beaucoup de fées se penchent sur le berceau de nos enfants pour les guider vers un état dadulte socialisé et épanoui. Ces fées ce sont les parents, lécole et toutes les uvres éducatives qui constituent ce que jappelle le tiers temps éducatif. La réflexion sur les rythmes scolaires engagée par mon collègue Luc Chatel rouvre la voie dun partenariat intelligent entre ces trois grandes catégories dacteurs éducatifs. Elle donne aux communes et leurs groupements une responsabilité spécifique, celle de larticulation des trois temps et des modes de collaboration entre les acteurs. Elle crée les conditions de la conduite dune politique globale de loffre éducative locale.»