Karabatic, un petit c.. si c’est avéré. Ancien sélectionneur de l’équipe de France de handball, Daniel Costantini a très mal pris les révélations sur un possible match truqué autour de la rencontre de championnat Cesson-Montpellier. Il s’en prend notamment au leader de l’équipe de France, Nikola Karabatic. Auteur jusqu’ici d’un parcours sans faute, le seul handballeur qui a réussi à développer son image en dehors des parquets se retrouve dans la tourmente.
BetClic a été le premier à réagir. Moins de 24 heures après les premières révélations de soupçon de match truqué pour des paris sportifs à Montpellier, l’opérateur de jeux d’argent en ligne a effacé Nikola Karabatic de sa campagne de publicité. Betclic a suspendu la visibilité publicitaire de Nikola Karabatic a-t-il précisé, assurant qu’il ne s’agissait pas d’une rupture de contrat. Le handball réclamait une meilleure exposition. Il vient d’être servi. Tandis que le passage de relais était en train de s’opérer entre l’équipe de France et le championnat, l’affaire Cesson-Montpellier propulse le hand en ouverture des journaux, mais pas pour les bonnes raisons. Le week-end dernier, le PSG Handball a remporté le premier choc de la saison. Mais ce sont avant tout les images de joueurs quittant la salle Pierre de Coubertin entourés de policiers qui marquent les esprits. La justice a-t-elle cherché à faire un exemple ? Dans le lot, il y a la star du handball. Son entourage peut bien rappeler que huit joueurs en tout (six de Montpellier et deux du PSG), plus le kiné de Montpellier, ont été interpellés, c’est d’abord Nikola Karabatic qu’on retient. Avant lui, la France avait déjà eu ses stars. Jackson Richardson en était une. Mais Karabatic est le premier à avoir autant joué de son image. C’est même pour cette image qu’il a créé Kara Kom Sports en 2005. Pour elle encore qu’il a choisi de quitter l’Allemagne et Kiel, où il était mieux payé, pour revenir jouer en France en 2009, à Montpellier, contre 30.000 euros mensuels.
Beau gosse, affable et toujours accessible, il symbolise le handball. Sur le terrain, le joueur de 28 ans sait tout faire. Il se forge un palmarès en béton, ponctué de deux médailles d’or aux Jeux olympique et d’un autre doublé en Championnat du monde. L’Equipe en fait même son champion des champions français 2011. En dehors des salles aussi, sa trajectoire est ascendante. Son agent, Bhakti Ong, aime à raconter l’anecdote. Comment lui, ancien de L’Oréal, a appelé le directeur de Mennen (marque du groupe L’Oréal) pour lui suggérer avant les JO de Pékin de prendre Karabatic comme représentant en plus de Ladji Doucouré et Tony Estanguet. Le couple avait une intuition : Karabatic devait gagner en visibilité. Mennen lui en offrait avec son budget médias. Quatre ans plus tard, le Montpelliérain a endossé dix contrats personnels (Adidas, BetClic, Brother, Expansys, Garage de la Pinède Volkswagen, Ferrero France, ITribu, Kinder, Select, et Visa). Ils lui apportent entre 80.000 et 100.000 euros chacun par an. La moitié environ de ses revenus annuels, estimés à un million d’euros. La déferlante médiatique des derniers jours vient marquer une rupture dans son parcours. Passe encore qu’il démolisse le plateau de L’Equipe TV avec son sélectionneur Claude Onesta. Mais une étiquette de tricheur, si l’enquête arrive à le prouver, sera difficile à décoller. Les valeurs du handball ne sont pas du tout remises en cause, relativise Virgile Caillet, directeur de KantarSport. L’affaire vient casser un élan, mais une erreur individuelle ne doit pas porter préjudice à l’ensemble de la discipline. Ce sera pourtant au handball d’avoir à gérer les dégâts collatéraux. Ce genre d’affaire n’arrive jamais au bon moment, mais le coup est particulièrement dur, par rapport aux valeurs et à l’état d’esprit que l’on cherche à véhiculer, et par rapport, bien sûr, à tous les efforts accomplis afin de dynamiser notre discipline, constatait Philippe Bernat-Salles, président de la Ligue nationale de handball (LNH), à la sortie du match PSG-Montpellier (38-24).