Bien malin celui qui peut dire à quoi ressemblera l’antenne du service public dans quelques années. Jean-François Copé a rendu son rapport à Nicolas Sarkozy. Il ne préconise pas seulement la fin de la publicité pour la télévision publique. Il recommande également ce que doit être le service public et quels contenus il doit diffuser. Comme pour le sport par exemple.
La disparition de la publicité sur France 2, France 3, France 5 et RFO, entraînerait un manque à gagner compris entre 400 millions d’euros et 1,2 milliard d’euros par an. Alors il ne faudra pas faire plus, mais différemment. Au rayon des programmes, la télévision publique française ne pourra plus seulement diffuser du football, du tennis, du cyclisme ou du rugby. Demain, elle devra faire de la place à d’autres sports plus ou moins médiatiques. Elle devra conduire une politique ambitieuse alliant des rendez-vous structurants autour de disciplines très regardées et la promotion de sports moins exposés, indique le rapport. Pour être certaine d’être bien comprise, la commission dirigée par Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, liste ces fameux sports dont France Télévisions contribuera à valoriser les disciplines populaires les moins exposées et ayant, pourtant, un fort potentiel comme le basket, équitation, handball, voile, golf Régime spécial pour France 3, qui se voit attribuer les sports régionaux.
Repenser le traitement des émissions sportives
Dans ce cadre, France Télévisions devra faire un effort pour faire comprendre afin de faire aimer. Il faudra donc repenser le traitement des émissions sportives par leur mise en scène, un effort de médiation et d’explication afin de promouvoir les disciplines même confidentielles.
Le rapport ajoute que France Télévisions conserve naturellement sa légitimité à participer aux appels d’offre des sports fédérateurs, notamment pour les rendez-vous qui incarnent aujourd’hui la marque : Roland Garros, Le Tour de France, Le Tournoi des 6 nations, Les Jeux olympiques.
Le parrainage préservé
La feuille de route étant tracée, reste la question des moyens. Le service public n’a déjà pas les moyens de concurrencer les chaînes privées sur des événements comme la Coupe du monde de football. Alors demain ? A moyen terme, France Télévisions a anticipé. Bien qu’il s’en défende, Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisons, a prévu les conséquences du rapport en anticipant la reconduction de plusieurs contrats avec des fédérations (rugby par exemple) et des organisateurs (ASO en premier lieu). Bien vu également le lobbying sur le parrainage. Ces mini-spots qui associent des sponsors à des événements, souvent insupportables lorsque les marques s’enchaînent comme un long tunnel. Ainsi, à titre dérogatoire et résiduel, le rapport autorise des exceptions pour les ressources issues du parrainage. La publicité ne disparaîtra donc pas totalement des antennes.
Le rapport sur l’audiovisuel public propose une évolution, plus qu’une révolution dans le traitement du sport par France Télévisions. Il est, sans doute, passé à côté de quelque chose. Car la commission s’est avant tout intéressée au sport de haut niveau. Celui qu’on diffuse déjà. En revanche, on ne trouve pas une ligne sur le sport comme enjeu de société. Quid du sport-santé par exemple ? Et le sport comme vecteur d’intégration sociale ?
Un nouveau Stade 2
Stade 2 appartient à l’histoire de la télévision. Ses détracteurs diront à la préhistoire. Toujours est-il que le magazine sportif emblématique de France 2 connaît une sérieuse baisse de tension avec une audience tombée à 12% de part de marché. La concurrence frontale du match de Ligue 1 le dimanche est passée par là. Or, la situation ne risque pas de s’arranger avec la nouvelle programmation des rencontres de L1 le week-end, avec notamment trois matches décalés le dimanche, dont deux à 17h, et un magazine de résumé de la journée diffusée en clair. Bref, Daniel Bilalian, patron des sports de France Télévisions, cherche des solutions. Ainsi Gérard Holtz, présentateur depuis 2005 (et avant de 1985 à 1992), va être remplacé par Lionel Chamoulaud dans un premier temps. Mais ce serait à sa demande. Gérard m’a demandé d’être déchargé de Stade 2 parce qu’il a envie de prendre un peu de recul, notamment pour faire du théâtre, indique Daniel Bilalian. J’étais bien ennuyé, mais j’ai accepté à condition qu’il conserve la présentation des grands événements comme le Tour de France, les JO, le Dakar, les championnats du monde de ski à Val d’Isère l’hiver prochain.
Les consultants maison, Fabien Galthié, ex-entraîneur du Stade Français, Philippe Lucas, Xavier Gravelaine et Guy Carlier devraient être plus impliqués. Ce qui ne va pas sans grincement de dents. Dominique Le Glou, rédacteur en chef de l’émission, préfère rendre son tablier.