Les difficultés économiques conduisent les écuries de Formule 1 à une prise de conscience. L’association des équipes de F1 (FOTA), née en septembre 2008, présente une série de mesures destinées à réduire les coûts de la discipline. Historique ?
Les coûts des moteurs, divisés par deux entre 2008 et 2009, seront encore diminués de 37,5% entre 2009 et 2010, alors que ceux des boîtes de vitesses et des châssis doivent respectivement baisser de 60% et 30% entre 2009 et 2010. La réduction du nombre de séances d’essais, qui a permis d’économiser 50% sur ces frais entre 2008 et 2009, doit être poursuivie, pour gagner encore 30%, alors que les efforts sur l’aérodynamique devront permettre de diviser ce budget de moitié entre 2009 et 2010. Le Kers (Kynetic energy recovery system), système permettant de transformer l’énergie stockée lors des freinages en chevaux supplémentaires, dont le développement a généré d’énormes coûts à l’intersaison, devrait être standardisé, avec un prix fixé entre 1 et 2 millions d’euros par équipe.
Vers de nouveaux accords Concorde jusqu’en 2012
Notre but est de réaliser des économies de budget supérieures à 50% en seulement deux ans, a affirmé Luca di Montezemolo, le président de la Fota, lors de l’annonce en marge du salon de l’automobile à Genève. Nous avons commencé à discuter des réductions de coûts en juillet 2008. Nous avons anticipé la crise économique. (…) Si nous n’avions pas mis en oeuvre ces mesures de réduction des coûts, cela aurait été difficile pour certaines écuries, a estimé celui qui dirige par ailleurs le constructeur Ferrari. Nous devons équilibrer les coûts et les revenus, pour assurer le futur des équipes actuelles et rendre la F1 accessible à de nouveaux entrants, a souligné le parton italien Les constructeurs automobiles devraient en outre s’engager avant le 18 mars à demeurer en Formule 1 jusqu’à 2012, a-t-il déclaré, ce qui donnerait de la stabilité à la F1. Toutes les équipes et les constructeurs automobiles sont prêts à entrer dans un nouvel accord Concorde (sur les droits commerciaux, NDLR) jusqu’à la fin 2012, a poursuivi Luca di Montezemolo.
C’est Frank Williams, vétéran de la course automobile, qui résume la portée des décisions annoncées. Nous le devons (NDLR : ce front commun) à la crise économique. Elle a cela de bon qu’elle a précipité l’union des écuries, explique le patron de l’écurie Williams, dont le principal partenaire, Royal Bank of Scotland (RBS), a annoncé son retrait à la fin de la saison 2010.
Nous avons le meilleur spectacle TV au monde
Parallèlement, la Fota s’est intéressée au volet sportif, proposant de modifier le barème des points (12 points pour le 1er, 9, 7, 5, 4, 3, 2, 1), afin de mieux différencier et récompenser les vainqueurs. Les écuries pensent également à diminuer la longueur des Grands Prix (au maximum 250 kilomètres ou 1h40), à modifier le format des qualifications ou encore à multiplier les informations à destination des téléspectateurs durant les courses. Nous avons le meilleur spectacle TV au monde, mais nous devons l’améliorer. Dans nos événements, il y a de la technologie, du glamour, du danger, du lifestyle. (…) Mais notre produit doit être moins prévisible, plus proche des médias, du public, a résumé Flavio Briatore, directeur de Renault F1. Nous devons ouvrir les portes. Parfois, nous sommes trop cliniques, trop parfaits. Nous devons en faire plus, a déclaré M. Briatore.
Renault s’interroge
La Fédération internationale (FIA) proposera de son côté le 17 mars à Paris au Conseil mondial du sport automobile de nouvelles règles visant à limiter encore les coûts. Mais une question reste encore sans réponse. Si les mesures prises par la Fota vont dans le bon sens, résisteront-elles à l’épreuve du temps ? Ce front est-il aussi uni qu’on veut bien le dire ? La présence de Renault en F1 est ainsi sujette à une nouvelle répartition des recettes générées par le Championnat du monde. Sans un nouveau partage des droits, Renault pourrait quitter les circuits, prévient Patrick Pelata, Directeur général de Renault. Nous souhaitons diminuer le coût de notre engagement dans la Formule 1 et recevoir une part plus importante des revenus générés par la discipline, a-t-il confié à l’agence Bloomberg, en marge du salon de Genève. Nous voulons continuer à faire partie du spectacle créé par la F1, mais il n’y a aucun tabou (si les négociations doivent échouer), a-t-il continué.
La FOTA prend le pari de réussir là où feu le GPWC (créé en 2002 et dissout depuis) a échoué. Or, les acteurs sont quasiment les mêmes aujourd’hui…