LaLiga, l’organisme qui gère le football professionnel en Espagne, accuse, de nouveau, les géants du web d’être des « facilitateurs » pour les pirates. Elle tente d’influencer les autorités américaines.
LaLiga soumet une demande à l’USTR (U.S. Trade Representative for Innovation and Intellectual Property, ndlr). Elle accuse plusieurs géants américains du web de jouer un rôle clé dans la prolifération des services pirates. La ligue espagnole cible en particulier Google, Cloudflare et X.com (ex-Twitter), car ils facilitent la tâche aux pirates et, in fine, rendraient plus complexes les mesures voulues par les ayants droits.
Ainsi, Cloudflare compliquerait l’identification des hébergements de sites pirates en offrant des services d’anonymisation et de CDN — Content Delivery Network. Google est critiqué pour le référencement de sites et applications pirates dans Google Search et Google Play. LaLiga demande au géant de Mountain View de supprimer à l’échelle mondiale les sites ayant reçu un grand nombre de demandes de retrait pour atteinte aux droits d’auteur. X (ex-Twitter) est accusé de ne pas agir assez vite sur les signalements de contenus illégaux.
Chaque année, l’USTR demande aux titulaires de droits d’auteur de partager leur contribution au « rapport spécial 301 » afin d’établir un examen annuel de l’état de la protection et de l’application de la propriété intellectuelle dans le monde. Sur la base de ces recommandations, l’USTR établit une liste annuelle des pays qui méritent une attention particulière. L’aperçu vise à identifier les entreprises et les politiques étrangères qui pourraient nuire aux entreprises américaines. Cependant, cela n’empêche pas les entités étrangères de profiter de l’occasion pour appeler les entreprises américaines pour la même raison.
La demande de LaLiga est inhabituelle. Toutefois, l’organisation estime crucial de souligner le rôle des entreprises américaines dans la facilitation du piratage :
« Bien que ce ne soit pas l’objectif principal de cette présentation, il est important de souligner le rôle important que certains courtiers basés aux États-Unis ont joué en tant que facilitateurs clés dans la poursuite de l’augmentation du piratage tout au long de 2024. »
Selon LaLiga, le piratage coûte aux clubs entre 600 et 700 M€ par an, chiffre qui représente près de la moitié des recettes audiovisuelles distribuées pendant la saison 2022-2023. « Les droits audiovisuels des compétitions sportives nécessitent nécessairement une protection spéciale, car leurs violations affectent directement une source très importante de travail et de ressources économiques », fait valoir la ligue espagnole.
En plus de pointer le pointage des entreprises technologiques américaines, LaLiga recommande que des pays tels que le Royaume-Uni et l’Alle-magne soient inclus dans la « Priority Watch List »
(« Liste de surveillance prioritaire ») de l’USTR en raison des défis liés à la piraterie. Cette liste est réservée aux pays qui connaissent de graves problèmes de propriété intellectuelle comme la Chine ou la Russie. Mais LaLiga cite des exemples de sites pirates et de services qui seraient liés à ces pays, bien qu’historiquement aucun d’entre eux n’ait été inclus dans cette catégorie.
En France aussi, le match contre le piratage se poursuit
La Ligue de football professionnel (LFP) obtient de nouvelles décisions de justice contre le piratage. Le 16 janvier plusieurs ordonnances du Président du Tribunal judiciaire de Paris ont été prises pour lutter contre la prolifération des IPTV ou directs sur les réseaux sociaux qui menacent la rentabilité de l’écosystème sportif. Selon l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, le manque à gagner lié au piratage de contenus sportifs approche les 300 M€ par an. En décembre, la justice avait déjà bloqué l’accès à 27 sites de streaming illégaux.
Ces nouvelles décisions, visant à renforcer l’efficacité des mesures de blocage existantes, concernent à la fois des moteurs de recherche (Google et Bing) et des services de DNS alternatifs. L’objectif est d’accentuer la lutte contre le contournement des blocages déjà mis en place par les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), en combinant deux leviers complémentaires. Le premier est le déréférencement des sites pirates par les moteurs de recherche et le second consiste dans le blocage des accès via les services DNS utilisés pour contourner les restrictions des FAI.
La LFP, qui se dit pleinement mobilisée sur ce chapitre, doit faire face à la pression de DAZN, qui pointe les diffusions en streaming illégales comme un frein à sa croissance. Un argument de plus pour dénoncer le contrat qu’elle a avec la LFP si elle n’atteint pas 1,5 million d’abonnés en décembre 2025.