Les droits de diffusion du championnat d’Angleterre abandonnés par Setanta ne seront pas restés longtemps sur le marché. Le diffuseur américain ESPN (groupe Disney) les a repris.
ESPN reprend les droits de diffusion de 46 matches de la Premier League pour la saison 2009-2010. Elle diffusera aussi 23 matches par saison jusqu’en 2013. ESPN paie 100 millions de livres pour la prochaine saison et 150 millions pour les 23 matches des saisons 2010-2013. Dans les deux cas, la chaîne versera donc 2,17 millions de livres environ par match.
La chaîne Setanta en a perdu les droits faute de pouvoir payer ses dettes. La faillite de l’opérateur de télévision irlandais a plongé le football anglais dans le doute. La Fédération anglaise de football (FA) devait trouver un diffuseur de remplacement. Ce qui n’était pas évident. Le contrat avec Setanta rapportait 150 millions de livres à la FA. A trois ans de la fin de l’accord, Setanta détenait les droits de diffusion des rencontres amicales de l’équipe nationale anglaise à domicile, mais aussi des espoirs. Setanta était également diffuseur de la Coupe d’Angleterre. Pour l’instant, les droits de la ligue écossaise n’ont pas non plus été repris. Ce qui pourrait précipiter des revers financiers en série dans les rangs des clubs.
Pour la Premier League, la transaction avec ESPN est une excellente nouvelle. Elle marque l’arrivée d’un poids lourd des médias. Ce qui devrait contribuer à entretenir la concurrence face au Sky de Ruppert Murdoch. Ce dernier, débarrassé de l’épine Setanta, pensait faire main basse sur le championnat d’Angleterre. En début d’année, le groupe de télévision payante avait obtenue cinq des six lots proposés par la Premier League pour la période 2010-2013. Une négociation au cours laquelle ESPN avait été un candidat malheureux. Cette mainmise dérange. L’OFCOM, le CSA britannique, estime que le bouquet BSkyB-Sky Digital est trop puissant sur le marché des droits des programmes de télévision en Grande-Bretagne. A tel point que Sky n’exploite pas les droits qu’il détient sur la vidéo à la demande sur tous les grands films américains. De plus, et malgré ses engagements, BskyB bloque la mise à disposition de ces droits à d’autres bouquets concurrents en les proposant à des tarifs prohibitifs. L’OCOM envisage de créer une obligation de wholesale must-offer, de mise à disposition de ses programmes de sports et de cinéma sur le marché classique et sur celui de la vidéo à la demande. L’OFCOM veut aussi imposer des prix de revente contrôlés. Sky estime qu’on veut punir le succès. Sa position sur le marché vient du fait qu’il a pris des risques en payant cher des droits.
Précision : pendant les neuf premiers mois de l’année financière, achevée le 31 mars, la mise à la disposition de ses contenus a représenté 150 millions de livres sur les 3,996 milliards de livres de chiffre d’affaires de BSkyB…
Pour en revenir à ESPN, reste une question : de quelle façon ESPN diffusera-t-elle ses rencontres ? ESPN est présente en Europe avec ESPN Classic, une chaîne qui diffuse uniquement des anciens événements. Le groupe américain pourrait créer une nouvelle chaîne, mais il faudra alors négocier sa reprise sur les réseaux britanniques. ESPN aurait pu racheter Setanta, mais le bouquet de chaînes de sport détenu par Walt Disney a préféré s’abstenir.
Pourquoi Setanta a-t-il échoué ?
La raison de l’échec du trublion venu de la République d’Irlande est simple. Il était trop petit pour engager des dépenses aussi faramineuses que représentent les droits de diffusion du Championnat d’Angleterre de football. En faisant irruption sur la scène cathodique britannique il y a trois ans en raflant deux des six lots – soit 46 matches – de droits de diffusion en direct des rencontres du championnat d’Angleterre de 2007 à 2010, Setanta avait frappé fort. Mais comme l’ont appris dans le passé ses prédécesseurs (NTL, Telewest, Ondigital), BSkyB est un colosse à qui on ne s’attaque pas impunément.
Sky, grâce à sa puissance financière, dispose de plus de moyens techniques et d’une offre plus attirante en mêlant films et football. De surcroît, à l’exception du golf, Setanta souffrait du manque de sports alternatifs lors de la cassure de l’été (pas de football).
Avec un budget marketing négligeable par rapport à celui de Sky, Setanta avait également la particularité d’être contrôlé par un groupe de firmes de capital investissement privilégiant le rendement à court terme, au détriment du développement à long terme poursuivi par Rupert Murdoch.
Résultat, le média irlandais, avec 1,2 million d’abonnés alors que son point mort se situait à 2 millions, perdait environ 120 millions d’euros par an selon les estimations.