Décrocher l’affiche du samedi soir de la Ligue 1 pour les quatre prochaines années est une chose. Encore faut-il avoir les moyens de valoriser son investissement (203 millions d’euros par an). Avec un chiffre d’affaires annuel de 53 milliards d’euros, Orange les a assurément. Son mercato du PAF en atteste.
Pour construire son offre football, brisant ainsi le monopole de Canal + sur la Ligue 1, l’opérateur est allé picorer à droite et à gauche ce qui lui manquait encore. Un commentateur ? Orange a choisi Denis Balbir. Après dix-sept ans sur Canal +, le journaliste n’aura donc passé qu’une seule saison sur France Télévisions. Le temps de présenter feu France 2 Foot, et de commenter les rencontres de la Coupe de France et de la Coupe de la Ligue.
Lors des trente-huit rencontres que diffusera Orange en exclusivité sur ses téléphones mobiles, sur sa télévision par ADSL ou par satellite, l’opérateur veut prendre l’antenne une heure avant le début des matches. Cet avant-match sera animé par Céline Géraud. Débauchée à TF1, où elle officiait à la présentation d’Auto-Moto et de l’Ile de la Tentation, l’ancienne judokate avait démarré sa reconversion sur France 2 en 1993. Tandis que l’indispensable consultant n’a pas encore été trouvé, le rôle de l’homme de terrain, celui qui annonce le temps additionnel, a été confié à Florian Genton, bien connu des auditeurs de RMC pour co-animer l’émission Luis Attaque et frère de Benjamin, le défenseur de Lorient. Le projet éditorial a été piloté par Patrick Chêne, ex-directeur des sports de France Télévisions et patron de Sporever, prestataire de services auprès d’Orange pour les résumés des rencontres sur le mobile. Pour parfaire son offre, un nouveau directeur des contenus a été nommé en la personne de Xavier Couture, ex-TF1 et ex-président de Canal +.
Les effets de ce recrutement massif seront visibles le 9 août, jour de la reprise du championnat de France. Ce sera alors le lancement officiel d’Orange Foot. Cette chaîne, entièrement consacrée au ballon rond sera accessible via la télévision par ASDL, par satellite, sur le téléphone mobile et sur PC via Internet. Orange comptait 1,3 million de clients à la télévision fin mars, dont un tiers ayant souscrit à une offre payante. Selon les analystes d’Exane BNP Paribas, Orange comptera 4 millions de clients à la télévisions par ADSL en 2011. La chaîne coûtera 6 euros par mois par récepteur (plus les 29,9 euros par mois que nécessitent un abonnement triple play chez Orange). A noter que l’abonnement s’étend sur douze mois. La saison de football s’étalant sur dix mois, l’abonné devra régler deux mois sans ballon rond… Pour l’abonné, il sera possible de regarder un magazine hebdomadaire sur la L1, et le match du samedi soir. Selon l’appel d’offres de la LFP, Orange dispose du premier choix pendant 10 des 38 journées de championnat, de la 11e à la 20e journée. Le reste du temps, c’est Canal + qui disposera du premier choix. A l’époque du duel Canal +/TPS, le concurrent de Canal n’avait que le deuxième choix.
Avec Orange Foot, la filiale de France Télécom vise plusieurs centaines de milliers d’abonnés. Suffisamment pour rentabiliser son investissement dans le football ? A priori non. Mais Orange voit les choses différemment. Selon l’opérateur, 42% des nouveaux abonnés choisissent l’ADSL d’Orange pour la télévision. Soit, mais il faut aussi tenir compte des clients qui viendront ou resteront chez Orange grâce à cette offre, explique Louis-Pierre Wenes, Directeur exécutif chargé de la France. Nos dépenses commerciales en France sont de 3 milliards d’euros par an, soit 15% du chiffre d’affaires. Si, grâce au football, nous les réduisons d’un point, cela nous fait économiser 240 millions d’euros par an, soit largement de quoi rentabiliser les droits de la Ligue 1. Evidemment, vu comme ça… En attendant de savoir ce qui alimentera la grille des programmes, hormis le match du samedi soir et le magazine, Orange prépare une autre chaîne consacrée aux événements sportifs. Du basket, de la boxe ou des tournois du Grand Chelem de tennis pourraient en être les principaux programmes.
Les investissements dans les contenus font craindre aux actionnaires de France Télécom que ce dernier ne change de métier. Didier Lombard, PDG de France Télécom, a profité de l’assemblée générale du groupe pour les rassurer. France Télécom achète les meilleurs contenus pour valoriser ses réseaux. a dit le PDG. Car si nous n’avons pas de contenus, nous n’aurons plus de clients, a continué Didier Lombard. Car les clients s’abonnent à un opérateur en fonction des chaînes de télévision disponibles. Les achats de contenus peuvent être considérés comme des frais commerciaux. Ils sont de toute façon microscopiques par rapport aux autres investissements de France Télécom.