Il existe au moins deux clubs qui n’ont pas dû être ravis de la qualification de l’Olympique de Marseille pour la Ligue des champions. Pour l’Olympique Lyonnais et les Girondins de Bordeaux, déjà qualifiés pour la phase de poules, cela signifie que les recettes reversées par l’UEFA devront être partagées en trois et non à deux… Pour chacun des deux clubs, ce sont plusieurs millions d’euros qui s’envolent.
Il y a trois règles d’or à respecter en Ligue des champions : participer, être compétitif et être issu d’un pays économiquement puissant.
Il faut participer. Disputer le troisième tour préliminaire qualificatif pour la C1 ne sert à rien si vous ne vous qualifiez pas. Demandez à Toulouse ce qu’il en pense. Après avoir reçu une volée de bois vert de la part de Liverpool, le club toulousain a évité de justesse la relégation en fin de saison. Sa non qualification avait non seulement plombé sa saison sportive, mais elle a aussi handicapé le club sur le plan financier. Les investissements consentis pour participer (achats de joueurs, contrats revus à la hausse, primes versées pour la qualification pour le tour préliminaire) n’ont pas été amortis puisque le TFC s’est fait éjecter manu militari de la compétition avant qu’elle ne débute réellement.
L’OL creuse l’écart avec la Ligue des champions
Participer, c’est ce que fait l’Olympique Lyonnais régulièrement depuis le début des années 2000. Mais cela ne suffit pas. Disputer les six matches de poule vous assure de confortables recettes (5,4 millions d’euros), mais pas encore le jackpot. Il faut donc jouer la gagne. Soit la première ou la deuxième place du groupe. Avec les bonus versés par l’UEFA selon vos résultats (un nul vaut 300.000 euros, une victoire est rémunérée 600.000 euros), le plan comptable s’avère différent à la fin de la saison. Si en plus, vous parvenez à franchir un tour ou deux supplémentaires, vous creusez l’écart avec vos concurrents nationaux. A vous les meilleurs joueurs la saison suivante avec une forte probabilité de revivre le même scénario. C’est ce schéma vertueux que s’attache à appliquer l’OL depuis plusieurs saisons. Chaque année, le septuple champion de France engrange plusieurs dizaines de millions d’euros grâce à ces participations à la Ligue des champions. Plus de 27 millions d’euros encore la saison dernière après avoir été éliminé en huitième de finale. Autant d’argent qu’il peut réinvestir sur les joueurs en asséchant le marché des transferts.
Mais pour prétendre à recevoir autant de millions d’euros, encore faut-il appartenir à l’un des principaux championnats européens. C’est triste à dire, mais on ne prête qu’aux riches. Les principes de distribution des revenus (marketing et droits de retransmission) entre les clubs sont les suivants : la moitié du montant total (plus de 585 millions d’euros) est distribuée sous forme de primes fixes, et l’autre moitié est distribuée par rapport à la valeur des marchés commerciaux des pays représentés. Autrement dit, plus une chaîne de télévision locale paie cher la diffusion de la Ligue des champions, plus les clubs du pays en question sont assurés de recevoir une plus grosse part du gâteau.
C’est le market pool. Ensuite, le nombre de clubs par pays et le classement dans le championnat national 2006-2007, ainsi que le nombre de matches joués dans la Ligue des champions influent sur la part des clubs. Ainsi, pour le même parcours, il y a deux ans, Lyon avait perçu 22 millions d’euros. Une différence qui s’explique par la présence alors de trois clubs français à la Ligue des champions. Comme cette année.
En plus de la dimension économique de la compétition, cette nouvelle édition revêt également une dimension politique. En effet, les trois clubs français se disputent le privilège de passer sur TF1. Gratuite, la chaîne offre plus de visibilité aux clubs. Donc plus de prestige. Le choix de TF1 pour la première journée, Marseille-Liverpool, fait grincer des dents. Bordeaux a rappelé qu’il était lui aussi un club prestigieux, alors qu’à Lyon, Jean-Michel Aulas a préféré ironiser. Les messages, ce sont les grandes équipes comme Marseille ou Paris qui les envoient. Nous, nous sommes de petits footballeurs de province qui progressons pas à pas et qui préparons l’avenir, a déclaré JMA, regrettant que la réception de la Fiorentina soit diffusée par Canal+. Réponse de Pape Diouf, président de lOM : TF1, c’est la plus belle chaîne en Europe. A partir de là, si cette chaîne choisit de diffuser l’Olympique de Marseille plutôt qu’un autre Olympique, ce n’est pas sans raison… Que le meilleur gagne comme dirait l’autre.