Indéniablement, le football professionnel a sous-estimé la barrière que pouvait constituer pour les téléspectateurs l’abonnement à deux offres de télévision payante pour suivre les rencontres du championnat. A moins que ce ne soit l’inverse et qu’il est surestimé le pouvoir d’achat de ses clients.
Il faut avoir un certain courage pour oser rejeter la faute ainsi sur son bailleur de fonds. C’est pourtant ce qu’ont fait les présidents de club lors de l’assemblée générale de la Ligue de football professionnel (LFP), qui a vu la réélection de Frédéric Thiriez. Le président réélu de la LFP a déclaré qu’il attendait d’Orange, nouveau diffuseur de la Ligue 1 conjointement avec Canal +, un effort supplémentaire en terme de communication afin d’attirer plus de téléspectateurs pour l’affiche du samedi soir. Il faut être patient quand un nouvel opérateur arrive, qui a permis d’augmenter les ressources des clubs, a-t-il d’abord souligné. Il faut lui laisser le temps de s’installer, nous avons déjà connu cette situation quand TPS a été créé. Nous souhaitons que l’affiche du samedi soir soit la plus largement diffusée, a encore dit M. Thiriez. Il y a 1,5 million d’abonnés chez Orange, ce qui est davantage que TPS au milieu du précédent contrat. 1,5 million d’abonnés peut-être, mais combien ont souscrit à l’offre football ? Car rappelons-le, la possibilité de suivre l’affiche du samedi soir requiert un supplément (6 euros par mois) à l’abonnement déjà souscrit chez Orange (29,9 euros par mois plus 3 euros de location pour le modem Livebox). Lorsque l’opérateur est venu concurrencer Canal + sur son terrain au moment de l’appel d’offres sur les droits de retransmission, personne n’y avait trouvé à redire. Et surtout pas les présidents de club, trop heureux d’avoir obtenu une hausse des droits TV alors que les cassandres avaient prédit l’inverse. Ils n’avaient pas bronché non plus lorsqu’on leur faisait remarquer que dépenser 78,8 euros par mois pour suivre l’ensemble des matches de la Ligue 1 pouvait dissuader quelques amateurs de ballon rond.
Mais après plusieurs journées, ils se rendent enfin compte que leur championnat tombe dans un relatif anonymat avec un seul match véritablement exposé (celui du dimanche soir sur Canal +). Il y a un manque d’exposition, a surenchéri le président marseillais, Pape Diouf. La Ligue a peut-être bien vendu les droits télévisés, mais au final, on peut regretter qu’elle n’ait pas mieux réfléchi à l’exposition du championnat. Je ne connais pas le nombre de téléspectateurs qui étaient devant Marseille-Sochaux (4e journée), mais il était dérisoire. S’il ne connaît pas le nombre de téléspectateurs, comment le président de l’OM peut-il savoir qu’il est dérisoire ? Passons. Mais une chose est sûre : le dirigeant olympien apprécie peu que son club soit régulièrement diffusé par Orange Foot (trois fois en cinq journées). Nous recevons des coups de téléphone et des courriers des gens qui se plaignent de ne pas voir nos matches. Il y a comme un vice de forme. S’abonner à Orange, ce sont les travaux d’Hercule, a osé Diouf. Chez Orange, on ne communique pas sur l’audience des rencontres. Ce qui accrédite la thèse de la confidentialité de sa chaîne Orange Foot. Il est trop tôt pour parler d’échec commercial. En revanche, il est surprenant, et presque indécent, d’entendre le monde professionnel se plaindre du travail réalisé par Orange alors que celui-ci mène depuis plusieurs semaines un plan de communication important à la télévision et dans les journaux pour faire connaître son offre. Les professionnels ont décidément une curieuse conception du partenariat. Certes Orange compte moins que Canal + dans le compte d’exploitation, mais à 203 millions d’euros annuels, l’opérateur doit tout de même permettre d’améliorer l’ordinaire.
