Faute d’avoir réussi à renégocier le contrat avec la Football League, Carlton et Granada ont déposé le bilan de leur filiale commune ITV Digital. Les petits clubs anglais vont trinquer.
Ça se gâte pour les clubs britanniques. Une bonne partie des 72 formations qui composent la seconde, la troisième et la quatrième division (toutes professionnelles) sont menacées de banqueroute. La filiale commune de Carlton et de Granada a demandé sa mise sous administration judiciaire après avoir tenté de renégocier, en vain, les droits de retransmission des rencontres de football. La filiale en question s’appelle ITV Digital. Elle est le second bouquet numérique d’outre-Manche derrière BSkyB.
ITV Digital a investi massivement pour concurrencer son rival (qui appartient au magnat australien Rupert Murdoch). Lancée en 1998, ITV Digital ne compte aujourd’hui que 1,26 million de foyers abonnés, et accuse un taux de désabonnement de 23 %, alors que ses investissements sur quatre ans ont atteint 2,4 milliards d’euros ! BSkyB peut s’appuyer sur 5,7 millions d’abonnés. Granada et Carlton, qui ont déjà investi 1,31 milliard d’euros dans ITV Digital, ne sont pas parvenus à faire plier la ligue anglaise qui refuse de renégocier les droits de retransmission du football acquis fin 2000. Elle estime que 30 à 50 clubs pourraient fermer boutique s’ils acceptaient une telle coupe dans leur financement. Les analystes anglais ne sont pas aussi pessimistes mais ils reconnaissent que plusieurs d’entre eux connaîtront de graves difficultés. Les droits de retransmission acquittés par les chaînes de télévision représentent en effet la quasi-totalité des revenus de nombreux petits clubs anglais.
A court de liquidité, ITV Digital (à ne pas confondre avec ITV, le TF1 anglais, qui est diffusé sur le réseau hertzien) souhaitait ne verser, d’ici août 2003, que 83 millions d’euros sur les 300 millions d’euros restant à payer (le bouquet a déjà versé 218 millions d’euros depuis la signature du contrat sur les 516,4 millions d’euros promis) ! Si les matches des clubs de première division comme Manchester United, Liverpool ou Arsenal font de bons scores d’audience sur toutes les chaînes, les télévisions payantes n’ont pas rencontré le succès espéré avec leurs propositions d’abonnement pour des chaînes spécialisées payantes retransmettant toutes les rencontres, même les plus locales.
Cette annonce ne sonne pas la fin de la télévision terrestre numérique en Grande-Bretagne, a déclaré la ministre de la Culture, Tessa Jowell. C’est un moment crucial pour le football. J’invite la Ligue de football à continuer à négocier. Selon le programme du gouvernement britannique, l’analogique devra peu à peu laisser la place au numérique entre 2006 et 2010. Le grand perdant serait donc le football. Si ITV Digital ne se relève pas, la ligue anglaise risque de se retrouver avec un seul interlocuteur. En loccurrence BskyB. Ce dernier se garderait bien alors de faire monter les enchères lors des prochaines négociations.