Une étincelle suffit souvent à provoquer un incendie. Comme celui que vient d’allumer Vietnam Satellite Digital Television Company (VSTV). Créée par le groupe français Canal+ et la télévision nationale vietnamienne VTV, la société a lancé en janvier dernier le bouquet de chaînes de télévision par satellite K+, devenant ainsi la première entreprise étrangère à pénétrer le secteur audiovisuel du pays communiste.
Quelques mois plus tard, K+, appliquant le modèle qui a fait le succès de Canal+, acquiert les droits de diffusion exclusifs des championnats espagnol et italien. Et surtout, ceux des plus beaux matches de la très populaire Premier League, le dimanche. Une révolution dans un pays obsédé par le ballon rond, qui entraîne les plus hautes instances de l’Etat dans une polémique.
A 250.000 dongs par mois (9 euros), l’abonnement incluant la chaîne K+1, qui diffuse les matches exclusifs, est un luxe dans un pays où le revenu moyen par habitant est de 1.000 dollars par an.
Le gouvernement est donc intervenu. Le ministère de la Communication et de l’Information a demandé aux responsables de VTV de partager les droits de diffusion des matches anglais avec d’autres chaînes, explique Vu Quang Huy, directeur adjoint de VTC, télévision publique et principale concurrente de VTV. Une demande restée sans réponse. K+ estime avoir fait un geste : K+1 est désormais visible sur une télévision sur internet et la société discute avec deux cablo-opérateurs pour qu’ils diffusent aussi la chaîne du football. K+ se dédouane également en indiquant que les droits acquis auprès de MP & Silva (autrefois connue sous le nom de Media Partners) ne lui permettent pas de rétrocéder des matches individuellement. Sous la pression populaire, le gouvernement vietnamien pourrait se faire plus pressant et obliger K+ à trouver un accord avec ses concurrents.
En attendant, les abonnements au bouquet continuent pour dépasser les 100.000.