Une nouvelle fois, les prévisions se sont révélées inexactes. Président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, pensait recueillir 8 millions d’euros par an de son appel d’offres sur les droits mobiles. Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais, en attendait 45 millions d’euros. Erreur. Orange, qui a remporté l’exclusivité, déboursera 58 millions d’euros sur les deux prochaines saisons ! Près de quatre fois plus que le montant actuel (8 millions d’euros par an) déjà payé par Orange depuis 2001. La filiale de France Télécom a remporté le lot numéro 1 (quasi-direct) pour 24 millions d’euros annuels et le lot numéro 2 (magazine) pour 5 millions d’euros annuels.
Ces deux contrats en or portent sur les droits de la Ligue 1 pour les saisons 2006-2008 et sur ceux de la Ligue 2 pour la saison 2007-2008. Le lot 1 a fait l’objet d’une offre de la part d’Orange, SFR et eTF1. Il a été attribué à Orange dont l’offre financière était nettement supérieure à celle des autres candidats. Concernant le lot 2, seuls deux candidats ont remis une offre : Orange et eTF1. Les deux propositions financières étaient équivalentes, mais les critères qualitatifs ont révélé un écart de 20% à l’avantage d’Orange indique la LFP. C’est une grande satisfaction. Nous avons rattrapé notre retard sur le Championnat d’Angleterre (30 millions d’euros annuels) mais nous ne faisons pas de triomphalisme, a réagi M. Thiriez. Notre but est d’avoir les mains libres en 2008 afin de lancer un appel d’offres multimédia. A cette date, on ne raisonnera pas par support mais par produit.
Si le football s’en tire très bien, Orange fait-il une bonne affaire ? Comme pour la télévision payante, le sport, et le football en particulier, serait un produit d’appel pour un opérateur de téléphonie mobile. Détenteur des précédents droits, Orange ne pouvait pas rentabiliser le précédent contrat faute d’une technologie suffisante et d’un imbroglio juridique avec les clubs. Pourtant, le leader de la téléphonie mobile n’a pas hésité à jouer la surenchère pour conserver son exclusivité. Orange n’a que deux saisons pour rentrer dans ses frais. Didier Quillot, président d’Orange France, apparaît confiant : Nous avons 1,1 million d’abonnés haut débit mobile et nous visons les 2 millions pour la fin 2006. Le football devrait compter pour 5% dans ces acquisitions de nouveaux clients. Le président d’Orange estime que cet investissement sera rentabilisé d’ici à deux ans. Et il a déjà fait ses comptes. Fin 2006, nous devrions avoir près de 2 millions de clients haut débit mobile explique-t-il dans Les Echos, dont 400.000 prêts à payer en moyenne 4 euros par mois sur les dix mois de la saison. Et le nombre de clients pourrait doubler sur la saison 2007-2008. Une analyse qui n’est pas partagée par les autres candidats à l’appel d’offres. Pour le lot n°1 eTF1 n’aurait proposé que 8 millions d’euros tandis que SFR n’aurait présenté qu’une offre de 3 millions d’euros. Ont-ils été trop frileux ou Orange pèche-t-il par excès d’optimisme ?
Les clubs français ont un autre souci. Le président de la LFP a indiqué que les recettes tirées des droits mobiles seraient réparties selon le modèle des droits TV. Cependant, l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), qui perçoit 1% des 600 millions d’euros de Canal +, réclame un autre partage qui lui serait plus favorable.