Sur les 732 clubs européens de football de première division, 56% ont enregistré des pertes en 2009 (contre 48% en 2008), selon un rapport de l’UEFA. Elles atteignent 1,2 milliard d’euros, soit près du double de l’année précédente (+85%).
Michel Platini, président de l’UEFA, a qualifié ce bilan de fuite en avant. L’ensemble des clubs a dépensé 12,9 milliards d’euros, quant ils en gagnaient 11,7 milliards. A la décharge des clubs, il est vrai que la crise économique n’a épargné personne depuis deux ans. Sauf les joueurs… Dans le bilan des clubs, la masse salariale représente 64% de leurs coûts. Mais certains clubs dépassent la moyenne avec un poste salaires représentant plus de 100% des revenus ! Ils sont 73 dans ce cas.
Le bilan fait peur, mais il moins désastreux qu’on ne pourrait le penser. En appliquant dès aujourd’hui le principe du fair-play financier, adopté par l’UEFA au printemps dernier, combien de clubs seraient hors-jeu cette saison ? Onze seulement. Onze clubs européens auraient pu être exclus de toute compétition européenne pour cette saison 2010-2011. L’UEFA ne communique pas l’identité des clubs inscrits sur une liste noire. La confédération précise simplement que sur 30 grands clubs, quatre seulement avaient signalé un équilibre financier. A la lecture du document, on remarque que les grands clubs ont vu leur situation se détériorer plus vite que les petits, 55% annonçant un déficit contre 37 en 2008. L’Angleterre est, surprise, de loin le pays européen où la situation est la plus malsaine avec huit clubs ayant signalé des dépenses supérieures de plus de 20% à leurs recettes.
Le principe de fair-play financier ne vise pas à mettre en difficulté les clubs mais à les aider à sortir d’une spirale infernale, a justifié Michel Platini. Ce ne serait pas les aider que de les pointer du doigt. Le président de l’UEFA prévient que le moment venu, l’UEFA aura le courage de prendre les décisions qui s’imposeront. En théorie, les clubs ont trois ans pour parvenir à un certain équilibre. Sinon, les sanctions pourront aller jusqu’à l’exclusion des compétitions européennes (comme la lucrative Ligue des champions avec plus de 1 milliard d’euros généré par saison dont 75% sont redistribués aux clubs participants) mais elles pourraient aussi prendre la forme d’une interdiction de recrutement. On remarque ici l’un des points faibles du principe adopté par l’UEFA. Si onze clubs seulement seraient sanctionnés cette saison, c’est la faute aux échappatoires mis en place. le fair-play financier n’est pas un dépouillement des comptes saison par saison, mais repose sur un état des lieux triennal. Pudiquement, l’UEFA parle de période de surveillance. Le déficit d’un club ne pourra pas dépasser 5 millions d’euros. Sauf si celui-ci est couvert par les actionnaires ou des tiers… Pour la période transitoire (couvrant les exercices 2012 et 2013), le plafond est fixé à 45 millions d’euros. Par la suite, il tombera à 30 millions jusqu’à la saison 2017-2018. Après ? Rien n’est encore décidé.
L’échéance étant fixée pour la saison 2014-2015. On verra alors si l’UEFA ose s’attaquer à des clubs parfois considérés comme des institutions. Au risque de se fâcher avec eux et de les pousser vers la création de leur propre compétition internationale. Au risque aussi de mécontenter les diffuseurs et les partenaires. Une épreuve a-t-elle la même valeur sans le FC Barcelone ?