Toujours un coup d’avance. Jean-Michel Aulas prouve une fois encore qu’il voit et qu’il agit plus vite que les autres. La Ligue de football professionnel (LFP) a adopté à l’unanimité les modifications apportées au Règlement intérieur audiovisuel (RIA). Une unanimité obtenue au prix de quelques concessions d’importance…
Il n’y a pas de volonté de remettre en cause les équilibres en matière de solidarité et de répartition des droits TV. Qui est l’auteur de cette phrase ? Elle a été prononcée par Jean-Michel Aulas lors de la création de l’association Football Avenir professionnel (FAP), groupe de lobbying composé de Lyon, Paris, Lens, Monaco, Bordeaux, Lille et Toulouse, il y a quelques semaines seulement. Mais le temps passe vite, très vite dans le football business. Alors que le feu couvait au sein du football professionnel français, l’Union des clubs professionnels de football (UCPF) avait adopté un moratoire pour mettre le FAP sous silence. C’est pourtant à l’une des principales revendications du FAP que la Ligue de football professionnel (LFP) vient de répondre favorablement. A savoir obtenir plus d’argent pour l’élite.
Après la présentation du nouveau RIA, la Bible des clubs professionnels de football en matière de retransmissions télévisées, Jean-Michel Aulas avait prévenu : Pour les clubs comme l’OL qui ont des télévisions, cette réforme ferait décroître le chiffre d’affaires de ces télévisions puisqu’on perdrait le droit de diffuser les images. Il faut donc que cette perte soit compensée soit en révisant les critères de répartition entre L1 et L2, soit par une augmentation des droits versés à la L1. Le discours rassurant tenu il y a peu est effacé. Le président de l’Olympique Lyonnais, du FAP et du G14 s’est engouffré dans la brèche.
La L1 grapille sur la L2
L’Assemblée Générale de la Ligue a bien validé les modifications apportées au Règlement intérieur audiovisuel, avec notamment le report de 24 heures de la diffusion en différé des rencontres, désormais décalée au dimanche minuit, pour rendre plus attrayants certains lots qu’elle proposera lors de l’appel d’offres des droits audiovisuels. Les grands clubs, à l’image de Lyon, Lens, Lille, Monaco et Toulouse, autant de clubs membres du FAP et représentés au Conseil d’administration de la Ligue, avaient voté contre cette modification dans un premier temps. Mais si ces clubs ont changé d’avis, c’est parce qu’ils ont obtenu des compensations sur les recettes télés.
Le principe du 50% de part fixe, 30% en fonction du classement et 20% dépendant des passages télévisés ne bougent pas. Sauf sur ce dernier critère qui prendra désormais en compte les passages télés des trois meilleures années sur les cinq dernières saisons. On ne touche pas non plus à la répartition entre Ligue 1 et Ligue 2… à première vue. A ceci près que le principe du 81%-19% est maintenu jusqu’à un montant global des droits TV de 500 millions d’euros. Le rapport passe ensuite à 90% (L1)-10% (L2) au-delà de 600 millions d’euros, avec un plafond pour la Ligue 2 fixé au niveau actuel, soit 110 millions d’euros.
Canal+ perdrait 1/4 de ses abonnés
Selon une enquête Ispsos, dévoilée par Les Echos, mais non revendiquée, 1,5 millions de foyers pourraient se désabonner en cas de perte par Canal+ des droits de la Ligue 1. Interrogés sur le fait de savoir si la perte par Canal+ des droits mettrait fin à leur abonnement, 24% des sondés répondent que cela serait certainement le cas, et 19% probablement. Ces 43% représentent, selon le quotidien, 1,5 million de foyers sur les quelque 3,5 millions abonnés à la chaîne cryptée disant regarder très souvent ou de temps en temps des matchs de football, sur 5,2 millions d’abonnés au total. En revanche, 37% estiment que cela ne serait certainement pas le cas, et 19% probablement pas le cas. Si un autre opérateur obtenait les droits, 48% des abonnés seraient prêts à souscrire une nouvelle offre.