Sans attendre le couperet de décembre prochain, les présidents de clubs de Ligue 1 votent pour une rupture du contrat de diffusion avec DAZN dès la fin de cette saison. Avec quelle solution de rechange ?
Rétrospectivement, il est possible que l’association mal née Ligue 1/DAZN soit perçue comme plus catastrophique encore que l’épisode Mediapro. Le football français avait déjà frappé fort en se fourvoyant avec l’opérateur espagnol, il réussit avec DAZN à creuser encore plus profond. Le conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP) a validé le choix de la rupture immédiatement et envoyé une proposition à la plateforme britannique, qui l’a refusée dans la foulée.
Après moins d’un an de mariage, le divorce est donc prononcé en cassant la vaisselle. DAZN devrait ainsi arrêter de diffuser le championnat de France dès la fin de cette saison. Les deux parties sont pourtant liées par un contrat portant sur 400 M€ annuels, en moyenne, pour la diffusion de 8 matches par journée de Ligue 1 jusqu’en 2029. Mais rien ne fonctionne dans cette collaboration, depuis le début. Pour DAZN, c’est un échec cuisant. Très loin des objectifs de départ (1,5 million d’abonnés), la plateforme de streaming serait déficitaire entre 200 et 250 M€ pour cette première année de contrat, selon le quotidien L’Équipe. Comme les droits doivent augmenter à chaque nouvelle saison, le deuxième épisode sera pire encore.
Même si son image va en prendre un coup, DAZN devrait donc apprécier de se délester d’un contrat qui ne convient à personne. Mais pas à n’importe quel prix. La LFP demande une indemnité comprise entre 110 et 125 M€, en plus des 140 M€ que doit encore verser la plateforme britannique jusqu’à la fin de la saison (les 30 avril et 30 juin). Offre refusée. DAZN n’a sans doute pas oublié que la LFP et Mediapro avaient rompu en échange d’une indemnité de 100 M€. En parallèle, DAZN a assigné la LFP en justice pour « pour manquement observé » et « tromperie sur la marchandise ». DAZN reproche notamment aux clubs de ne pas jouer le jeu pour permettre de mettre en valeur la diffusion, en plus de ne pas en faire assez contre le piratage. La plateforme réclame 573 M€ de préjudices.
« C’est quand même le monde à l’envers. Ce sont eux qui ne paient pas. Ce sont eux qui demandent la médiation qui est lancée à l’initiative du tribunal des activités économiques de Paris. Et ce sont eux qui refusent la proposition du médiateur », s’étonne un proche de la LFP. Maintenant que le conflit est entamé, les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir du football français. Pour le sport tout court en France aussi. En effet, via les droits TV, au travers de la taxe Buffet (5%), le ballon rond est le plus généreux contributeur à un fonds qui alimente les sports les moins financés. On s’oriente vers un bras de fer pour un produit que personne ne veut plus. En tout cas, pas dans les conditions actuelles.