Il n’y a pas grand chose à attendre sur le plan macro-économique des résultats de l’équipe de France en Afrique du Sud. Plusieurs économistes s’accordent à dire qu’un bon parcours des Bleus lors de la Coupe du monde n’aura aucun effet sur la consommation et ne changera pas fondamentalement le moral à des Français, qui sont moroses depuis des mois.
Ce n’est pas l’analyse de Benoît Heitz, chef de la division synthèse conjoncturelle à l’Insee, qui peut inciter à l’optimisme. Au vu du passé, il y a peu de chance qu’il y ait un impact sur le moral des Français, explique-t-il. Certes en 1998, on a eu une amélioration de la confiance des ménages en juillet, au moment de la victoire de la France, mais la tendance à l’amélioration existait déjà avant, continue-t-il. Au mieux, ça aurait amplifié la tendance déjà existante. Marc Touati, directeur général de Global Equities, surenchérit. Souvent on dit que les victoires de 1998 et 2000 ont généré de la croissance mais ce n’est pas le cas, la croissance était déjà là. A l’Insee, on souligne que ces bons résultats étaient de toute façon surtout liés au fait que la compétition avait lieu en France. Mais cette année, la Coupe du monde se déroule en Afrique du Sud et le moral des Français est déjà en berne…
L’Insee dispose d’un indicateur pour mesurer cet état. Celui qui résume l’opinion des ménages sur la situation économique baisse ainsi constamment depuis le début de l’année et a chuté de 8 points depuis janvier. Bof, pas très emballant. Et les chances d’une inversion de tendance grâce au parcours de l’équipe de France sont minimes. Seule une victoire en finale pourrait éventuellement avoir un effet euphorisant, sinon ce sera marginal, estime Alexander Law, chef économiste chez Xerfi Global. Si on la gagne, ça a aura un impact positif sur le moral des ménages, mais c’est tout, seulement sur leur moral. Et seulement si on la gagne, pas si on perd au premier tour ou même en finale, renchérit Nicolas Bouzou, analyste chez Asteres. Un scénario aussi optimiste paraît difficile à envisager après les derniers matches préparatoires des Bleus. En revanche, l’hypothèse d’une élimination prématurée n’est pas à exclure. Reste que les analystes voient du noir partout. Une finale, ce n’est déjà pas si mal. Surtout avec cette équipe. Mais non, cela ne leur suffit pas. Ils faut gagner sinon, il n’y a rien à espérer.
La cerise sur le gâteau, mais si on n’a pas de gâteau…
Continuons à contre-courant. Si la France gagnait le Mondial et si la croissance s’emballait, sera-t-elle durable ? Là encore, Nicolas Bouzou ne laisse aucun espoir : ça dépendra beaucoup plus des comportements en matière de plan d’austérité que des résultats en Coupe du monde. Au niveau macro-économique, ça n’a pas d’impact, insiste-t-il. Le parcours de l’équipe de France ne peut être que la cerise sur le gâteau, mais si on n’a pas de gâteau…, enfonce Marc Touati. Pour appuyer leurs dires, il y a cette annonce d’Adidas, l’équipementier de l’équipe de France. Adidas a approvisionné ses réseaux de distribution de 300.000 maillots des Bleus. Un chiffre impressionnant, mais en retrait par rapport à l’édition précédente en Allemagne…
Globalement donc, ce Mondial ne rapportera rien de plus. Sauf aux vendeurs de téléviseurs, et aux chaînes de télévision. Pour l’édition 2010, TF1, qui a dépensé 120 millions d’euros pour la totalité de la compétition, n’a conservé que 27 rencontres sur les 64, revendant le reste à France Télévisions et Canal Plus pour 33 millions, dont 24 pour le service public. Même si les chaînes ne rentreront pas dans leurs frais, un Mondial représente l’assurance pour elles d’augmenter les tarifs de leurs spots publicitaires, et surtout celle d’enregistrer pendant un mois des audiences supérieures à la moyenne. A condition que les Bleus ne fassent pas pâle figure.