Les remontées mécaniques en France, qui ont bénéficié de chutes de neige abondantes, devraient voir leur chiffre d’affaires atteindre des sommets pour la saison d’hiver 2008-2009, dépassant 1,1 milliard d’euros, selon une étude du cabinet Protourisme. Combien de temps encore, l’industrie touristique de l’or blanc peut-elle échapper à la crise ? L’hôtellerie souffre déjà.
Le climat économique, pour ne pas dire déprimant. Rare sont les secteurs qui échappent au marasme. C’est pourquoi les résultats attendus de la saison d’hiver 2008-2009 détonnent. Les stations de montagne tirent leur épingle du jeu, mais attention à ne pas crier victoire trop vite. Selon une étude du cabinet Protourisme, les hébergements dans les stations subissent les effets de la crise et devraient subir une baisse de leurs recettes, sous l’effet conjuguée d’une moindre fréquentation et du recul des prix, notamment des hôtels haut de gamme. Si les remontées mécaniques ont bénéficié à plein de l’afflux d’une clientèle de proximité, le recul du nombre de touristes étrangers dans les stations de ski françaises a affecté la fréquentation des hébergements, explique Didier Arino, responsable de l’étude.
Les hébergements moyen de gamme ont réussi à préserver leur fréquentation, mais au prix de promotions inhabituelles. Entre 20 et 25% des nuitées ont été vendues avec des rabais, contre environ 15% l’an passé. Contrairement aux stations familiales proposant un bon rapport qualité-prix, l’année s’avère médiocre pour les stations les plus huppées de la montagne française, compte tenu de la baisse des clientèles étrangères à forts revenus qui pénalise les hébergements les plus haut de gamme. Conséquence de la crise, les visiteurs des pays émergents (Europe de l’Est, Asie) et les skieurs britanniques, qui constituent la moitié de la clientèle étrangère, ont été moins nombreux à dévaler les pistes. Dans le même temps, on l’a notamment observé lors des dernières vacances de noël, la crise incite les Français à rester dans l’Hexagone, au détriment des destinations lointaines. Les touristes ne sacrifient pas leurs vacances, mais ils opèrent des arbitrages dans leurs dépenses. Des choix qui affectent le plus souvent le budget alloué à la restauration.
Les stations de moyenne montagne sont les grands vainqueurs de la saison d’hiver 2008-2009, avec une fréquentation en hausse de plus de 50% pour le Jura, les Vosges et le Massif Central. La fréquentation des grandes stations alpines de Savoie et de Haute-Savoie a reculé d’environ 3%, mais reste légèrement supérieure à la moyenne des quatre dernières saisons. Une tendance observée par la Compagnie des Alpes (CDA). Le numéro un mondial des remontées mécaniques, après avoir réalisé une saison hivernale 2007-2008 historique, s’achemine vers une baisse de fréquentation. Lors de la tenus de son assemblée générale, en mars, la CDA avait fait état d’une baisse de 3% de la fréquentation au 13 mars, soit à 75% de la saison. Cette baisse était attendue à cause d’un calendrier défavorable avec le décalage des vacances de Pâques. Toutefois, l’évolution de la recette unitaire devait permettre de compenser cette baisse.
Dans un secteur qui pèse 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires et qui emploie 100.000 personnes, il est devenu difficile pour les professionnels d’anticiper d’une saison à l’autre. Ou même à l’intérieur d’une même saison. Le niveau d’enneigement est devenu presque aléatoire. En tout cas, il n’est jamais acquis très longtemps à l’avance. Que la télévision diffuse des images de stations sans neige et c’est la catastrophe assurée. D’ailleurs, les amateurs de la poudre blanche sont devenus des chasseurs de primes. Grâce, ou à cause d’Internet, ils attendent le dernier moment pour effectuer leur réservation. Outre le niveau d’enneigement, ils vont scruter les offres proposées et les mettre en concurrence.
Méthodologie
L’étude a été effectuée du 15 au 18 avril auprès de 300 opérateurs touristiques.
Loisirs 20,7
Hébergements 15,8
Autres 13,4
Achats_divers 8,6
Restauration 6,7
TOTAL 65,2