Le Comité international olympique (CIO) n’a pas de problème financier, assure son président Jacques Rogge dans une interview accordée à l’hebdomadaire gratuit français Sport. Mais à y regarder de plus près…
Les finances du CIO sont en bonne santé. Nous avons toujours investi de manière très conservatrice. Nous avons un investissement solide de ‘père de famille’. Au moment où je parle, il n’y a aucun problème pour le CIO, a déclaré le patron du Comité international Olympique (CIO).
M. Rogge a ainsi démenti que les quatre grands partenaires officiels (Johnson & Johnson, Kodak, Lenovo, ManuLife) ayant quitté récemment le programme de parrainage Top (The Olympic Partners) l’avaient fait pour des raisons liées à la crise économique. Certains partenaires n’ont effectivement pas réitéré leur signature, mais ceci n’a rien à voir avec la crise économique. Leur décision avait été prise avant la crise, parce que ceux-ci sont arrivés au bout de leur cycle de sponsoring. La plupart de ces sociétés ont d’ailleurs été remplacées. Nous ne renouvelons pas notre partenariat afin de nous concentrer sur d’autres priorités d’affaires, avait pourtant indiqué mi-novembre une porte-parole de Johnson et Johnson. Passons.
Les réserves du CIO ont fondu de 14%
Les douze parraineurs principaux du CIO (Coca-Cola, Atos Origin, General Electric, John-son & Johnson, Kodak, Leno-vo, Manulife, McDonald’s, Omega, Panasonic, Samsung et Visa) ont au total dépensé 866 millions de dollars pour la période 2008-2010. Un manne qui ne devrait pas être affectée par les quatre retraits selon Jacques Rogge. Pour la période 2010-2012, nous avons 9 sponsors et sommes actuellement en négociation avec deux autres pour en avoir un 10e. Mais avec 9 sponsors, nous disposons déjà de plus d’argent qu’avec 12, puisque nous sommes déjà à 900 millions de dollars. Sur le plan financier, nous avons donc déjà atteint nos objectifs, a-t-il détaillé.
Nous venons de verser 296 millions de dollars aux comités olympiques nationaux, la même chose aux fédérations internationales et nous allons allouer 311 millions de dollars pour la solidarité olympique, a continué Jacques Rogge dans sa démonstration. Notre budget sera à l’équilibre pour l’année 2009.
Le message du président du CIO tranche avec celui de Richard Carrion, le financier du CIO. Austérité est le mot qu’il convient d’employer pour le budget de l’an prochain, indique Richard Carrion dans le journal L’Equipe. Nous ne paniquons pas mais notre budget sera réaliste. Ainsi, les réserves du CIO ont perdu 14% de leurs valeurs avec la fluctuation des monnaies en 2008. Pourtant nos rentrées financières sont solides et nous n’avons aucune crainte quant à l’avenir. Néanmoins, dans les trois ou quatre derniers mois, nous avons souffert de quelques chutes de marché. Mais bon, nos réserves dépassent largement les 400 millions de dollars et nous envisageons aucune réduction de personnel à Lausanne.
Le CIO n’est pas pressé de négocier les droits TV
Il y a quelques semaines, le CIO a surpris son monde en rejetant l’offre de l’Union européenne de radiodiffusion (UER), qui regroupe les télévisions de service public en Europe, pour les droits TV des Jeux olympiques en 2014 et 2016. Jacques Rogge indique que le CIO n’est pas pressé de négocier les droits TV pour cette période, et préfère attendre des temps meilleurs économiquement. Etant donné que la pub se réduit en temps de crise, nous attendons le moment idéal, a expliqué M. Rogge. On peut attendre aussi longtemps que nécessaire. Nous pourrions même attendre après l’élection de la ville hôte 2016 qui aura lieu en octobre 2009.
L’UER a été surpris des attentes très élevées du CIO. Nous avons nos idées sur la valeur des JO, l’UER a les siennes, a poursuivi M. Rogge. Les discussions se poursuivent avec ceux qui ont proposé plus, a-t-il ajouté, alors que des rumeurs font état d’une offre substantielle du groupe Murdoch. Le CIO fait exactement pour la première fois ce que l’UEFA et la FIFA font depuis pas mal de temps. Peut-être que le paysage a changé.
Cest vrai. Traditionnellement, le CIO privilégiait les chaînes publiques, quitte à encaisser moins de droits TV, afin d’assurer une plus grande visibilité des JO qui doivent, de toutes façons, être dans chaque pays visibles à raison de 200 heures sur les chaînes gratuites. Les droits 2010-2012 ont ainsi été attribués à l’UER pour 736 millions de dollars, ce qui ne correspondait pas à la meilleure offre. En changeant de stratégie, le CIO relance la spéculation autour de la désignation de la ville hôte des JO de 2016. Car si les droits de retransmission, comme le laisse entendre Jacques Rogge, devaient être attribués après le choix de la ville hôte, contrairement à ce qui est pratiqué depuis 15 ans, cela pourrait biaiser la compétition pour l’accueil des jeux d’été. Si le hasard voulait que Chicago, par exemple, soit l’élue pour 2016, nul doute que les diffuseurs américains, NBC en premier lieu (qui paie 2,201 milliards de dollars pour les JO de 2010 à Vancouver et de 2012 à Londres), apprécieraient le geste et sauraient remercier le CIO. Je connais mes membres, a tenu à rassurer M. Rogge, ils voteront pour des raisons sportives et non financières.