Le Pôle ressources national sports de nature vient d’éditer un mémento, baptisé Evaluation des retombées économiques d’une manifestation sportive de nature : outils pour la mise en uvre. Destiné aux organisateurs de manifestations sportives comme aux acteurs des territoires, le document d’une quarantaine de pages présente les méthodes et outils pour conduire de manière fiable une étude d’impact économique appliquée à un événement sportif de nature. Il s’appuie sur les expériences menées lors de la phase de modélisation de la méthode, réalisées en 2008-09 sur une dizaine d’évènements sportifs de nature.
Pourquoi est-il nécessaire d’évaluer une manifestation sportive de nature ? Comme le rappelle très justement le Pôle Ressources National des sports de nature, le poids économique d’événements sportifs de nature est fréquemment ressenti mais pas réellement quantifié. Il est souvent difficile d’annoncer de réels volumes de retombées économiques, le secteur des sports de nature se trouvant dans ce domaine en manque récurrent de données. Quels sont les périmètres à retenir ? L’appréciation des divers effets socio-économiques liés à une manifestation n’est pas quantifiable par une simple étude ponctuelle. Afin de pouvoir être étudiés facilement et rapidement par un organisateur ou un territoire d’accueil, le Pôle ressources national sports de nature a choisi de centrer son analyse sur un champ plus restreint. Le document décompose schématiquement l’impact économique d’un événement sportif de nature en deux niveaux de retombées : les retombées primaires et les retombées secondaires. Les premières sont liées aux dépenses effectuées par l’organisateur, le territoire d’accueil et les structures qui leur sont liées ainsi que par les différentes catégories de publics participant ou assistant à l’événement ; les retombées secondaires (ou induites), dues à un effet multiplicateur qui fait que l’argent injecté dans l’économie locale par le biais des retombées primaires sera lui-même réutilisé ensuite par leurs bénéficiaires pour diverses dépenses effectuées dans l’économie locale. Cet effet boule de neige est relativement complexe à mesurer et varie fortement selon le tissu économique local. C’est pourquoi, dans un souci de simplification de la démarche d’étude, le Pôle ressources national sports de nature a considéré que ce type de retombées ne ferait pas partie du champ d’étude concerné par le document. Ne sont également pas concernées les retombées à long terme et différées (par exemple nouveau séjour ultérieur dans le territoire qui a été initialement découvert à l’occasion de l’événement, ou séjour de préparation à l’évènement pour repérage des parcours).
Le périmètre géographique
L’impact économique d’un événement sportif de nature ne se limite pas au territoire sur lequel il se déroule, notamment si l’organisateur ou des prestataires sont implantés en-dehors du territoire d’accueil (fournisseurs de chapiteaux, restaurateurs non sédentaires, hébergeurs d’un territoire limitrophe). Selon la finalité et le commanditaire de l’évaluation, il peut donc être plus ou moins important de déterminer la localisation finale des dépenses pour effectuer un tri géographique des retombées. Le périmètre d’étude pourra alors correspondre à un bassin économique, un territoire géographique ou institutionnel. On peut selon les cas : ne sélectionner en cours d’évaluation que les informations concernant un périmètre défini à l’avance, voire deux périmètres emboîtés qui offriront plus de richesse d’analyse, permettant par exemple la ventilation des retombées hébergement dans la commune / dans le canton (ou dans la communauté de communes / dans le département, dans le département / dans la région… selon la configuration retenue) ; se donner les moyens de recueillir une information suffisamment fine pour reconstituer à la demande des zones de retombées, ce qui suppose une grande précision dans le recueil de l’information (lieu précis d’hébergement par exemple) et des moyens techniques pour son traitement. Cette façon de procéder est à privilégier pour la souplesse d’analyse ultérieure qu’elle offre. Cette approche territoriale est également applicable à l’origine géographique de l’argent injecté dans l’économie locale : en identifiant la provenance des différentes catégories de publics et de contributeurs, on peut choisir d’effectuer un tri entre l’argent neuf réellement injecté depuis l’extérieur et les dépenses effectuées avec des ressources déjà présentes sur le territoire (spectateurs ou participants habitant sur place, subventions locales, sponsors, etc.). Selon le document, de nombreuses manifestations associent les sports de nature et d’autres éléments d’animation : ludiques, culturels, patrimoniaux, folkloriques, commerciaux, etc. Tout en prenant en compte cette réalité qui peut compliquer l’analyse (quelle contribution respective pour chaque volet de l’événement ?), le Pôle considère comme événement sportif de nature les seules manifestations dans lesquelles les sports de nature constituent l’élément principal d’animation de l’événement…
Outre l’emploi directement lié à la manifestation, les retombées à mesurer sont constituées, selon les cas, des dépenses des organisateurs et structures associées (consommation de produits et services relatifs à la préparation et au déroulement de la manifestation), des dépenses des collectivités du territoire d’accueil (compléments aux dépenses des organisateurs et structures associées), des dépenses des participants et accompagnants (frais liés à l’inscription, achats et prestations liés au déplacement et au séjour), de celles des spectateurs (éventuel droit d’accès au lieu de la manifestation, achats et prestations liés au déplacement et au séjour). Dans la pratique, cette dernière catégorie de public est à la fois délicate à dénombrer, ce qui peut fausser les extrapolations de dépenses, et difficile à relier directement à la manifestation (passants, habitants etc.). Par ailleurs, l’interrogation des spectateurs peut difficilement être différée, ce qui implique de mobiliser des moyens d’enquête parfois lourds pendant l’événement. Ces contraintes peuvent alors amener à faire porter l’évaluation de manière prioritaire sur les précédentes catégories. L’évaluation de l’impact économique des manifestations sportives de nature doit par ailleurs tenir compte de quelques caractéristiques majeures de ce type d’événements. Par exemple, un déroulement en milieu extérieur généralement ouvert et sans billetterie, qui peut compliquer les comptages précis du public.
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