Alors que le projet de loi sur les jeux d’argent en ligne a franchi l’écueil de l’Assemblée nationale, une étude, dévoilée à l’occasion du Sportel de Monaco, estime le marché des paris sportifs en ligne à 800 millions d’euros dès 2010. Pourtant, ce secteur ne sera pas légalement ouvert avant la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, programmée en juin.
En effet, alors que les députés ont terminé l’examen du projet de loi ouvrant à la concurrence le poker et les paris sportifs et hippiques sur internet, les sénateurs devraient l’examiner en janvier 2010. Le gouvernement souhaite que le dispositif (loi et décrets d’application) soit prêt pour la Coupe du Monde de football, prévue à l’été 2010.
Le marché français des paris sportifs en ligne, pour le moment réservé à la Française des Jeux, a représenté en 2008 un chiffre d’affaires de 26 millions d’euros pour la FDJ sur un total de 630 millions d’euros pour les jeux d’argent en ligne. Selon cette étude, 900.000 Français jouent actuellement sur des sites illégaux de paris sportifs au regard de la législation française. La légalisation de ce secteur devient donc d’autant plus urgente qu’il devient incontrôlable. Sur un seul site de paris en ligne, on a enregistré 230 millions d’euros de mises à l’occasion du dernier tournoi de tennis de Roland-Garros.
Le marché des paris sportifs en ligne, selon l’étude de Francis Merlin, consultant international en marketing et en communication, devrait représenter une part de 30 à 35% du marché français par rapport à l’ensemble des paris sportifs et hippiques et au poker. C’est un marché considérable de plusieurs dizaines de milliards de dollars précise Francis Merlin. Le consultant s’attend par ailleurs à une croissance rapide du marché, partagé à 80% par une dizaine d’opérateurs, et à un basculement rapide des paris sportifs sur l’internet mobile (téléphone portable), permettant de parier en direct et même pendant la manifestation sportive. Toute la filière de l’Internet mobile est prête pour les paris sportifs, détaille l’auteur de l’étude pour qui il y a adéquation des jeux sur l’Internet mobile avec les attentes des parieurs sportifs. Jouer en mobilité permet de parier à tout moment et en direct : parier depuis le stade quand le match a commencé (live betting). Or 70% des paris sportifs se font en live betting. Quant au chiffre d’affaires des paris sportifs, l’étude prévoit 800 millions d’euros dès 2010, 1,4 milliard d’euros en 2011 et 1,8 milliard d’euros en 2012.
La future clientèle proviendra en grande partie des parieurs sportifs qui jouent déjà sur les sites illégaux, sauf pour les joueurs qui seront insatisfaits de l’offre du marché français. Le projet de loi interdit notamment les paris en spread betting (parier sur un événement sans connaître à l’avance le montant de ses pertes) et limite le taux de retour aux joueurs afin de limiter l’addiction selon le gouvernement.
Quant au marché des paris hippiques en ligne, l’étude estime que se produira un glissement très lent des 6,5 millions de joueurs de paris hippiques terrestres (PMU) vers les paris hippiques en ligne. Le marché français des paris hippiques en jeux en ligne, pour le moment réservé au PMU, a représenté en 2008 un chiffre d’affaires de 540 millions d’euros. En 2010, ce marché sera de l’ordre de 800 millions d’euros et à long terme, représentera une grande part des 9,2 milliards d’euros des paris hippiques terrestres.
L’étude prévoit par ailleurs des investissements publicitaires extrêmement importants d’ici à 2012 par les nouveaux opérateurs. Francis Merlin cite le prix à payer pour floquer le nom d’un opérateur de paris sportifs en ligne sur le maillot d’une grande équipe de football variant de 4 à 12 millions d’euros par an. Antonio Costanzo, directeur du développement de Bwin, rappelait récemment qu’en 2007 déjà les sites avaient dépensé plus de 1 milliard d’euros en marketing, rien qu’autour du sport, dont 300 millions pour le seul sponsoring. Enfin, le marché publicitaire va naturellement se porter sur les services d’aide et de conseil aux paris sportifs dans des dizaines d’émissions à la télévision ou à la radio, sur de nombreux sites internet, et dans la presse écrite.
Le jeu en vaudra-t-il la chandelle ? Tout dépendra de l’évolution du marché. Le jeu en ligne ne représente aujourd’hui que 5,8% des 9,3 milliards d’euros réalisés par le PMU et 7% des 9,2 milliards de la FDJ.