La Fédération française de tennis (FFT) arrive au terme de son processus de modernisation des Internationaux de France de tennis. Le tournoi de Roland-Garros quittera-t-il Paris ? Les 12 et 13 février, l’assemblée générale de la FFT doit décider de l’avenir du tournoi.
Dans cinq ans, les Internationaux de France de tennis pourraient se disputer ailleurs qu’à Paris. Même si la capitale reste favorite pour continuer d’accueillir l’événement, il n’est pas interdit de penser que le célèbre tournoi de la Porte d’Auteuil se délocalise en banlieue parisienne. La question de l’implantation du deuxième tournoi du Grand Chelem de l’année est jugée cruciale par la Fédération française de tennis (FFT). Gilbert Ysern, directeur général de la FFT et directeur du tournoi parisien, résume l’enjeu de la décision à prendre : Selon le choix, nous aurons une autre fédération, voire un autre tennis français. Sous la pression des autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie, Wimbledon et l’US Open, la FFT s’est mis en tête que sans extension, Roland-Garros perdrait de son éclat. Car on ne parle pas seulement de disposer d’un court couvert pour se prémunir des intempéries (et surtout programmer des matches en soirée pour la télévision). La FFT se sent à l’étroit dans le très chic XVIe arrondissement parisien. Elle veut plus d’espace. Pour les joueurs d’abord, les spectateurs ensuite et les partenaires après. A moins que l’ordre exact ne soit pas tout à fait celui-ci…
Plus d’espace pour plus de profits
Aujourd’hui, Roland Garros évolue sur 8,5 hectares. La plus petite, et de loin, des surfaces des quatre tournois du Grand Chelem (20 hectares pour Wimbledon et l’Open d’Australie, 14 pour l’US Open). Sur cet ilot implanté à l’orée du bois de Boulogne, on trouve vingt courts de tennis, dont un central de 15.000 places et un autre maxi court de 10.000 places. Le siège de la FFT et le centre national d’entraînement se trouvent également sur place. A Paris, comme en banlieue, le tournoi gagnerait de l’espace. Surtout en banlieue. Gonesse (Val d’Oise) propose d’implanter le tournoi sur 22 hectares avec 55 courts, dont 20 réservés à la compétition. Deux courts couverts, dont un de 18.000 places comme le demande la FFT. A Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne), ce sont 35 hectares qui sont promis à la FFT avec également 55 courts, 20 pour la compétition et toujours ce toit rétractable pour un central de 18.000 places. A Versailles (Yvelines), on ne propose que 20 hectares. Le projet parisien est le plus petit (voir page 5). Pour conserver le tournoi, Paris propose d’étendre sa surface à 13,5 hectares avec 24 courts et la couverture du central Philippe-Chatrier.
De tous les projets en lice, le dossier parisien est sans doute le moins innovant. Mais la fédération doit tenir compte de divers facteurs. Le coût est sans doute le premier d’entre eux. Rester à Paris coûterait 250 millions d’euros à la FFT. Pour un déménagement, multiplier la somme par deux au moins. Les avis de chacun comptent également. Le spectateur parisien préfère rester sur un territoire connu. Comme les sponsors qui ne sont pas franchement demandeurs d’un déménagement. Partenaire historique du tennis, BNP Paribas a aussi son mot à dire dans le déménagement. Aujourd’hui, la localisation est une donnée importante pour les sponsors et leurs invités. Quitter Paris, c’est aussi prendre le risque de ternir l’image de prestige du tournoi. Sauf à Versailles, toute autre localisation que Paris sera moins prestigieuse. Oui, mais la FFT estime aussi qu’un déménagement apporterait plus de recettes avec plus de billets vendus, plus de recettes commerciales (boutiques, restauration, etc.), une renégociation des droits TV à la hausse (exit le problème de la pluie, bonjour les matches en prime time). Un argument qu’il est possible de retourner à la FFT. Aujourd’hui, et malgré ses défauts, Roland-Garros est déjà une cash-machine. Le tournoi génère l’essentiel des recettes de la Fédération (140 millions d’euros sur un total de 170 millions) avec un retour sur bénéfices de 60 millions d’euros.
Quitter le site actuel serait un crève-coeur. Mais le déménagement serait un signal fort. Celui d’une fédération en mouvement qui promeut la modernité. Une fédération qui se projette dans le futur au lieu de cultiver le passé. Mais quitter Paris impose aussi de répondre à cette question subsidiaire : que fait-on du site existant ?