Rien ne prédisposait Ucar, spécialiste de la location de véhicules courte durée fondé en 2000, à tâter du marketing sportif à travers la voile. Et pourtant, son fondateur Jean-Claude Puerto Salavert s’est laissé séduire par le défi. Il accompagne Yann Eliès sur la Route du Rhum – Destination Guadeloupe (départ le 4 novembre à Saint-Malo), skipper de l’Imoca jaune et orange UCAR-StMichel. Pourquoi cet engagement ? Quels sont ses objectifs et motivations ?
Jean-Claude Puerto Salavert, on vous a vu dans l’émission de TV «Patron Incognito» sur M6 en 2012. Aujourd’hui vous parrainez le voilier de Yann Eliès sur la Route du Rhum pour votre première expérience dans le sponsoring voile. Quelles sont vos motivations ?
J-C. Puerto Salavert : La voile sportive offre des événements populaires et véhicule des valeurs qui sont aussi celles d’UCAR comme le dépassement de soi. C’est un sport où la part de l’humain est dominante. On ne peut pas tricher. Il existe plusieurs façons de faire croître notre notoriété. Nous avons considéré que l’engagement avec Yann Eliès correspondait à un besoin en cohérence avec notre image. C’est-à-dire courageux. UCAR s’attaque à l’Himalaya en voulant révolutionner la mobilité. Mieux qu’un film télé, nous avons besoin d’un symbole qui nous représente.
Votre engagement a-t-il été influencé par votre passion pour la voile ?
Je préfère qu’on dise que je suis « sensible » au milieu. Mais si je n’ai pas franchi le pas auparavant, c’est parce que je ne confonds pas mes goûts personnels avec les intérêts de mon entreprise et aussi parce que la situation de l’entreprise ne s’y prêtait pas. La priorité reste de savoir si cela sert mon entreprise ou pas. Si je le fais aujourd’hui, c’est parce que je pense sincèrement que l’investissement est utile à UCAR. J’ai donc une position totalement rationnelle sur le sujet.
Plusieurs marins recherchent un sponsor. Pourquoi Yann Eliès ?
Lorsque Jean-Pierre Dick m’a présenté Yann Eliès, j’ai été frappé par sa personnalité au mélange détonnant. Yann est un marin très expérimenté, qui a connu tous les succès et toutes les souffrances de la course au large. Mais il porte aussi en lui la fraîcheur et la rage de vaincre du débutant. J’ai été impressionné par la similitude de nos parcours. Celui d’UCAR cumule aussi cette expérience, cette assurance tranquille du métier assimilé et cette volonté de soulever des montagnes pour repousser les frontières de son métier et être toujours plus utile à la cité. Comme je crois aux rencontres qui bouleversent une vie, UCAR a décidé d’accompagner Yann. Ensemble nous allons repousser nos propres limites.
Combien ça coûte un projet Imoca ?
Pour un bateau neuf, il faut compter 5 millions d’euros. Il convient ensuite de prendre en compte un budget de fonctionnement de 1,5 à 2 millions d’euros par an pour participer à un événement porteur chaque année comme le Vendée Globe, la Route du Rhum et la Transat Jacques Vabre.
Le temps d’une course ou pour un temps plus long ?
Je mets un pied devant l’autre. J’ai la conviction que c’est un bon investissement pour l’entreprise. Mais j’ai besoin de vérifier que c’est le cas. J’ai besoin de vérifier que l’entreprise se mobilise autour de ce projet. J’ai besoin de sentir que la mayonnaise prend et qu’il n’y a pas de rejet. Nous sommes dans la construction d’une histoire pour savoir si nous devons aller plus loin.
C’est un peu iconoclaste comme méthode…
C’est un pari. Il y a une prise de risque, mais nous sommes des entrepreneurs. Le risque fait partie de notre ADN. Il y a une part d’irrationnel dans ce type de décision qu’il faut savoir entendre, je crois. Mais la décision de poursuivre ou non sera plus rationnelle.