Roger Federer a démarré Wimbledon avec une tenue blanche comme il se doit, mais siglée par la marque japonaise Uniqlo. Après une vingtaine d’années de partenariat avec Nike, le Suisse change d’équipementier.
«Uniqlo s’engage à soutenir Roger Federer pour emmener le tennis vers de nouveaux horizons, tout en explorant avec lui des axes d’innovation liés au design et à la technologie», indique Tadashi Yanai, le fondateur et président d’Uniqlo, dans un communiqué diffusé pendant le match remporté par le N.2 mondial contre le Serbe Dusan Lajovic. Après deux mois et demi sans compétition, le Suisse avait effectué son retour à la compétition à Stuttgart (Allemagne) sans équipementier. Un peu gêné par le sujet, il avait déclaré: «Ce sont des rumeurs. Je n’ai plus de contrat avec Nike depuis le mois de mars. Cela fait longtemps que je suis avec eux. On discute et on verra bien.» Le Suisse de 36 ans avait pour équipementier textile Nike depuis ses débuts professionnels en 1998. Alors que son contrat avec le numéro 1 mondial des articles de sport était estimé à 7,5 M$ par an, le Times estime que celui avec Uniqlo grimperait à 300 M$ sur dix ans. Soit 22 M$ par an !
Uniqlo, qui équipe le Japonais Kei Nishikori (ex-4e mondial, aujourd’hui 28e), s’était aussi attaché les services de l’ancien N.1 mondial Novak Djokovic entre 2012 et 2017.
A l’instar de Tiger Woods dans le golf ou de LeBron James dans le basket, Nike et Federer semblaient inséparables. «C’est surprenant, lâche le numéro un français Lucas Pouille. C’est une icône emblématique de Nike. On ne l’imaginait pas ailleurs. Si la marque paie ce montant-là, c’est qu’elle estime qu’elle aura retour sur investissement. Tant mieux pour lui.» Cependant Federer reste lié à la marque à la virgule. Il porte toujours des chaussures de l’équipementier américain. Uniqlo ne fait pas de chaussures. Pour la raquette, le Suisse ne change pas et reste avec Wilson. Quant au logo « RF », le Suisse a précisé : «Il me reviendra. Les initiales m’appartiennent. Je pense qu’à partir de l’année prochaine les gens pourront acheter des produits portant mes initiales.»
«C’est seulement le début d’un nouveau partenariat. Nous avons encore plein de choses à mettre en place, reprend Roger Federer. Je pense que c’est bon pour mon image et leur image.»
Interpellé par des ONG
Public Eye et Clean Clothes Campaign demandent au joueur de tennis de faire pression sur la marque de vêtements japonaise pour qu’elle assume sa responsabilité sociale en Indonésie. Les deux organisations demandent à Roger Federer d’intercéder auprès de son sponsor en faveur de 2 000 ouvriers – dont la plupart sont des femmes – qui fabriquaient des vêtements en Indonésie pour plusieurs marques dont Uniqlo. Depuis 2015, ils attendent le versement de 5,5 M$ d’arriérés de salaires et d’indemnités de licenciement. «Connu pour son fair-play exemplaire, Roger Federer peut-il vraiment tolérer une telle injustice ?» s’interrogent les ONG. Elles lancent une pétition demandant au champion suisse «de jouer de son influence pour que son nouveau sponsor cesse de s’opposer au versement des sommes dues aux couturières et accepte de s’asseoir à la table des négociations avec les syndicats». Federer est très impliqué dans l’humanitaire via la Roger Federer Foundation, qui soutient des projets d’éducation pour les enfants défavorisés en Afrique australe et en Suisse