Alors que le Championnat d’Europe, disputé à domicile, va démarrer, les volleyeurs internationaux poussent un coup de gueule contre le manque de retombées de leurs performances sportives.
A l’inverse des filles, avec la MAIF, le maillot de l’équipe de France de volley-ball s’affiche vierge de sponsor sur la poitrine. Avec ou sans, la vie des internationaux ne changerait pas nécessairement, mais la situation souligne les difficultés du volley-ball français à s’inscrire dans un cercle vertueux. Surtout, la situation inquiète les joueurs, visiblement désespérés devant l’absence de retombées. «Je ne comprends pas, assène Jenia Grebennikov, dans L’Equipe. Par le passé, on nous a expliqué que, dès que nous aurions des résultats, les sponsors arriveraient. Certes nos conditions de stage sont bonnes mais nos victoires à l’Euro (en 2015) ou en Ligue mondiale (2015, 2017) n’ont rien enclenché. Comme les autres, je suis très déçu. On a l’impression qu’il n’y a pas eu de travail derrière. On a fait notre part du taf pourtant. En tout cas, il y a peu de communications là-dessus avec la Fédération.»
En 2018, pour le Mondial, Herbalife, au départ sponsor personnel d’Earvin Ngapeth, avait pris la place de l’historique assureur Generali sur le devant du maillot. Si la firme de nutrition figurera bien sur la manche à l’EuroVolley, elle n’était pas en mesure de verser les 350.000 euros demandés pour s’afficher en plus grand. «Pour moi, c’est une honte, s’emporte Earvin Ngapeth. Le volley français n’avance plus depuis 2015 et le départ d’Yves Bouget (ex-président de la Fédération). Depuis cette date, on dispute tous les Final Six de la Ligue mondiale (devenue Ligue des nations en 2018) et on rapporte beaucoup d’argent à la Fédé.» La tache de la fédération est compliquée par les secteurs bloqués par la fédération européenne (CEV). Ainsi, les secteurs banque, automobile, avion, paris sportifs, équipementier et ballon lui sont réservés. «Soyons clairs : on ne joue pas pour le fric, continue Earvin Ngapeth. On s’entend tous bien et on aime l’équipe de France et son maillot. On ne vient pas en sélection pour les 80 euros d’indemnités journalières alors que les Brésiliens, les Polonais ou les Italiens touchent six fois plus. Le montant de la prime en cas de victoire à l’Euro est équivalent à celui de 2015 (15 000 € contre 12 000 €) ? Ce n’est pas un problème. On peut entendre que la Fédération n’ait pas d’argent. Ce qu’on ne peut pas comprendre, en revanche, c’est que rien ne se passe et que l’image de notre sport, sans même parler du Championnat français où il n’y a plus que des étrangers sur le terrain, se dégrade à ce point. »