Le plateau des voitures engagées dans le Championnat du monde d’endurance (WEC) se réduit comme peau de chagrin. Coûts prohibitifs, manque de visibilité et une valse des règlements sans fin provoquent la désertion. Le maigre plateau ne devrait pas s’étoffer avant les 24 Heures du Mans… 2022.
Catégorie reine ? Un peu moins maintenant. Seulement trois LMP1 étaient au départ de la cinquième manche du Championnat du monde d’endurance, le WEC, sur le circuit américain d’Austin. Elles étaient six voitures au début de la saison, le 1er septembre à Silverstone (Angleterre). Huit en juin dernier, lors des 24 Heures du Mans. Et le pire est à venir. Après les prochaines 24 Heures (13-14 juin), Rebellion Racing «cessera toute activité dans le sport-business», après treize années de présence en compétition automobile. En moins de neuf mois, c’est la quatrième équipe privée à renoncer après ByKolles Racing, DragonSpeed et SMP Racing. Avec des châssis principalement conçus par les Français d’Oreca, l’équipe suisse a dominé la catégorie des équipes privées LMP1 ou LMP2, en WEC et aux 24 Heures du Mans depuis 2011. Rebellion Racing était aussi la structure retenue par Peugeot pour s’occuper de l’exploitation sportive en piste de son programme Hypercar à partir de la saison 2022-2023 en WEC puis aux 24 Heures du Mans 2023. Le constructeur français assure que cette défection n’affectera en rien ce projet. Son département compétition sera maître d’oeuvre de l’ensemble du programme, ce qui n’empêchera pas de nouveaux partenariats comme celui noué avec Ligier Automotive pour développer l’aérodynamique de la future Peugeot. Le constructeur français, qui compte trois succès au Mans en 1992, 1993 et 2009, avait quitté l’endurance en 2012 pour des raisons budgétaires.
Le 5 septembre démarrera une nouvelle saison sous la nouvelle réglementation avec des voitures moins coûteuses à faire courir. Un refrain déjà entendu. Mais Toyota se retrouvera à nouveau seule équipe d’usine, après le retrait récent d’Aston Martin. «La décision annoncée par Aston Martin est très regrettable mais peut-être pas inattendue, suite aux rumeurs persistantes durant ces six derniers mois concernant la fragilité de la visibilité de la marque dans un marché automobile en évolution rapide, en parallèle à sa décision de s’engager en Formule 1 en tant qu’équipe d’usine en 2021», a réagi l’Automobile Club de l’Ouest (ACO), organisateur de la célèbre épreuve d’endurance et du WEC. Aston Martin a précisé avoir pris sa décision à la suite d’un récent accord entre l’ACO et l’IMSA, qui organise des courses d’endurance aux Etats-Unis, autorisant des voitures répondant aux normes de l’IMSA à courir au Mans. Comme la marque britannique vient de passer près de la faillite (le milliardaire canadien Lawrence Stroll, actuel propriétaire de l’écurie de F1 Racing Point, vient d’entrer au capital, ndlr), disons que ce rapprochement tombe à pic… Aston Martin faisait partie des trois marques, avec Toyota et Peugeot, intéressées par cette nouvelle catégorie Hypercar.
Les Toyota lestés à Austin
Les handicaps imposés aux Toyota, jugées trop performantes, ont faussé la course à Austin. Les deux LMP1 du constructeur japonais ont subi la loi de la Rebellion, seule autre auto engagée dans la catégorie dite « reine » du WEC. Un handicap mesuré à une seconde au tour entre les Toyota et la Rebellion. Même les pilotes vainqueurs reconnaissaient avoir triomphé sans véritablement combattre. Quant aux titulaires des volants Toyota, la frustration l’emportait, et le Japonais Kamui Kobayashi ne s’est pas gêné pour le dire : « Je ne comprends pas. C’est une blague. Ce handicap décide avant le départ de qui doit gagner. Je viens de disputer la pire course de ma carrière. Si on garde cette balance de performance plus personne ne viendra voir nos épreuves. »
Reste que Toyota se retrouve bien seul avec la casse mécanique comme adversaire. Et pour un bon bout de temps encore. Le rapprochement entre l’ACO et l’IMSA apportera de nouveaux constructeurs et équipes aux plateaux d’endurance. Les premières déclarations d’intérêt pour cette catégorie baptisée LMDH, ont été nombreuses. Mais ce règlement ne pourra être effectif qu’au début de la saison 2021-2022. C’est-à-dire pour les 24 Heures du Mans 2022.