L’approche de l’équipementier américain sème le trouble au sein de la Fédération allemande de football (DFB). Au point de remettre en cause l’accord historique avec Adidas.
La Fédération allemande de football (DFB) et l’équipementier Adidas sont en situation de conflit grave sur la prolongation de leur contrat de partenariat. Les négociations avec Adidas ne sont pas terminées, mais il n’y a pas non plus d’accord ni sur le fond ni sur la forme. Ce point de vue est partagé par nos experts, a avoué le président de la DFB Theo Zwanziger après une réunion qui n’a pas permis de régler l’imbroglio né d’une proposition alléchante de parrainage faite par l’Américain Nike.
Accord à l’amiable ou direction le tribunal ?
La DFB refuse de reconnaître un accord verbal passé avec Adidas en août 2006. Le parraineur historique de la Nationalmannschaft avait alors accepté que les internationaux allemands jouent avec les équipements (chaussures, gants pour les gardiens) de leur parraineur personnel. En échange, la DFB avait accepté de prolonger jusqu’à fin 2014 le contrat de partenariat qui se terminait fin 2010, pour lequel elle reçoit 11 millions d’euros par an. Mais début décembre, Nike a proposé de parrainer l’équipe d’Allemagne pendant huit ans à partir de 2011 pour environ 500 millions d’euros au total… Un accord verbal n’est pas un contrat, a assuré M. Zwanziger. Il nous faut de la clarté. Si nous ne l’avons pas et que nous poursuivons avec Adidas sous les conditions actuelles, c’est nous qui pourrions être sanctionnés, selon lui. Je représente les intérêts de la DFB, a-t-il ajouté. Je ne peux pas, en l’absence d’un contrat finalisé, dire : je vends un produit un sixième du prix qui m’est proposé par un autre.
Le Bayern Munich prend partie pour Adidas
Pour Franz Beckenbauer, la DFB, dont il est vice-président, pourrait être punissable si elle écartait la proposition de Nike. Ne pas le faire serait criminel, a estimé le double champion du monde qui a toutefois indiqué qu’il voyait mal la DFB changer d’équipementier. En effet, très écouté en Allemagne, Beckenbauer est aussi conseiller d’Adidas et dirigeant du Bayern Munich. Le club bavarois, soutenu par Adidas, qui détient 10% du capital du Bayern, est opposé à tout accord entre Nike et la DFB. Je ne peux pas m’imaginer qu’un joueur du Bayern porte le maillot de l’équipe d’Allemagne avec le sigle de Nike, a expliqué Karl-Heinz Rummenigge, le président du Bayern.
Je ne comprends pas cette déclaration, car dans les faits, le Bayern n’a aucun choix, lui a répondu Oliver Bierhoff, manageur général de l’équipe d’Allemagne. Selon les règlements, les joueurs doivent se conformer aux choix en matière d’équipements faits par la Fédération, a ajouté Bierhoff qui menace de saisir la Fédération internationale de football si le Bayern devait empêcher ses internationaux de répondre aux convocations du sélectionneur.
Chez Adidas, le discours ne change pas. Le patron d’Adidas Herbert Hainer continue d’affirmer sa confiance dans la poursuite de sa collaboration au delà de 2014 avec l’équipe d’Allemagne. Nous travaillons avec succès depuis plus de 50 ans avec la DFB, et nous avons vécu en 2006 une grande Coupe du monde, a-t-il déjà expliqué. Lors du Mondial allemand, Adidas avait battu son record de vente de maillots au niveau mondial, avec plus de 3 millions de pièces écoulées dont plus de 50% concernaient la National-mannschaft.
En 2002, le chiffre d’affaires généré par le football pour Adidas représentait 811 millions d’euros. En 2006, la marque aux trois bandes avait vendu à mi-parcours de l’événement pour 1,2 milliard d’euros d’articles de football.
La DFB s’en prend à nouveau à Adidas
Le président de la Fédération allemande de football (DFB), Theo Zwanziger, s’en est de nouveau pris, dans une interview, à l’équipementier allemand Adidas. Bien évidemment on doit réfléchir trois fois à une séparation d’avec un partenaire de longue date. C’est ce que nous faisons avec Adidas, a affirmé Theo Zwanziger dans le quotidien berlinois Tagesspiegel. Mais le partenaire doit aussi voir que les temps changent et s’y adapter, a-t-il ajouté.
Il s’agit ici d’un grand business mondial et pas seulement de traditions, a ajouté le dirigeant de la DFB. Si Adidas attend de nous que nous entretenions cette tradition, alors l’entreprise doit aussi soigner sa relation avec nous, selon lui. La DFB exige également plus d’engagement d’Adidas dans le football allemand. Peut-être qu’Adidas se repose trop sur ce partenariat de longue date et se dit : ‘nous avons toujours en main ceux de la DFB, il vaut donc mieux investir plus d’argent au Japon’. Mais si Adidas équipait effectivement l’équipe nationale japonaise pour un même montant, je me sentirais injustement traité, a-t-il conclu.