On pensait l’affaire réglée, mais les contrats marketing du Paris Saint-Germain continuent d’intriguer l’UEFA. Les spectaculaires recrutements l’été dernier des attaquants Neymar et Kylian Mbappé ont relancé l’enquête sur les finances du club. D’après le Journal du Dimanche, un point dérange l’instance européenne : les revenus perçus par le PSG par les versements « généreux » de ses sponsors.
Cela ressemble fort à un coup bas pour réussir à sanctionner le PSG, comme ses rivaux européens l’ont demandé. « L’ICFC (instance de contrôle financier des clubs) a récemment pris connaissance de l’évaluation, par un cabinet d’audit indépendant, de la valeur réelle des contrats du PSG avec ses sponsors et partenaires qatariens », nous apprend le JDD. L’hebdomadaire parle même d’un écart entre l’estimation et les revenus venant de ses principaux sponsors et partenaires (QTA, QNB, beIN, Oredoo) qui serait « substantiel ». L’épée de Damoclès pèse donc toujours au-dessus de la tête du PSG, concernant le fair-play financier. Le club parisien devra justifier de la réalité économique de ces contrats. Paris avait déjà été sanctionné pour ce genre de constat en 2014 avec un contrat avec Qatar Tourism Authority qui avait été dévalué unilatéralement par l’UEFA de 200 à 100 millions d’euros. En 2013, Jean-Claude Blanc, directeur général délégué du club de la capitale, détaillait dans Le Parisien le fonctionnement de ce fameux contrat avec QTA. « Ce contrat vient compléter toute une architecture commerciale. Le croisement d’un grand sport mondial, le football, d’icônes, comme Zlatan, Thiago Silva ou Beckham, et d’une marque mondiale comme l’est Paris permet de développer un niveau de revenus très important et d’innover sur des contrats de partenariat. On a l’impression qu’il n’y a que ce contrat avec QTA et rien d’autre alors que nous avons développé largement depuis dix-huit mois l’ensemble des lignes de revenus du Paris Saint-Germain. Je vous donne un exemple : on a considérablement réduit le nombre d’annonceurs qui apparaissent sur les panneaux au bord du terrain. On a augmenté leur visibilité et les prix. Cette rareté et la valorisation des marques n’ont pas d’égal en Ligue 1, ni même en Espagne ou en Italie. On a souhaité aussi internaliser complètement cette démarche de commercialisation. On a multiplié entre 3 et 5 les tickets de partenariat. Une marque qui payait hier 300 000 € pour avoir une présence significative au bord du terrain et la possibilité d’utiliser l’image collective des joueurs paie aujourd’hui entre 1,2 M€ et 1,5 M€. Ce qui est vrai pour des marques l’est aussi pour des pays qui souhaiteraient développer leur image. Jusque-là, les pays ne s’associaient au sport que pour l’organisation de grands événements tels les Jeux olympiques ou la Coupe du monde de football. Une candidature olympique aujourd’hui coûte 100 M€ sans avoir l’assurance de gagner et plusieurs milliards pour organiser des JO. C’est le seul référent valable que l’on peut prendre aujourd’hui pour juger de la juste valeur de ce contrat qui lie le club et QTA. C’est un modèle innovant qui va ouvrir la voie à d’autres pays. »
Aux Parisiens d’être plus convaincants cette fois. Pour le moment, Paris refuse de commenter ces informations et s’étonne que ces éléments soient divulgués dans la presse. « Cette évaluation des revenus commerciaux restant en cours, aucune des parties concernées n’a matière à apporter le moindre commentaire supplémentaire, a répondu le PSG dans le JDD. Nous sommes étonnés de voir une fois de plus certains éléments sortir du cadre des discussions engagées avec l’UEFA ». Mais que cherche à savoir exactement l’instance européenne ? En fin d’année, Yves Leterme, membre du Club Financial Control Body de l’UEFA, avait expliqué dans Sport/Foot Magazine la façon d’opérer de l’organisme de contrôle. « Les revenus publicitaires pris en compte ? Cela dépend de la manière dont les contrats ont été établis, disait-il. Nous devons savoir, lors de chaque rentrée d’argent, quelle est la partie destinée au joueur et celle destinée au club. En football, la plus grande partie des revenus liés au merchandising et à la valeur marchande du joueur revient généralement au club. » Le JDD précise que les experts du fair-play financier attendent désormais les arguments du PSG sur les contrats commerciaux et espèrent boucler leur enquête début mars.
Selon les informations de L’Equipe, aucune anomalie n’a en revanche été trouvée pour les transferts de Neymar et Kylian Mbappé l’été dernier, alors qu’il s’agissait du principal motif d’ouverture de l’enquête. C’est déjà ça…